Discours de Valéry Callens lors de l'inauguration de la nouvelle salle "Alain Jonard" du Rétro Albertin :
"Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Chers amis !
Je suis heureux et honoré de vous retrouver ici à Albert pour le baptême de cette magnifique salle de billard qui porte désormais le nom de Alain Jonard !
Un grand joueur de billard, adversaire valeureux mais plus souvent malheureux d’Alain m'a dit un jour "Avoir une salle de billard baptisée à son nom constitue la reconnaissance suprême". Plus que toute récompense fédérale, plus que la médaille d'Or Jeunesse et Sports qu'il a reçue en 2001, il s'agit dans le cas qui nous réunit ce soir de célébrer une relation presque fusionnelle entre un joueur, un dirigeant et son club de cœur, son club de toujours...
En effet il s'agit bien de son club de toujours, puisque cette histoire d'amour entre Alain et le Rétro Albertin a débuté il y très très longtemps, en 1954… soit 64 saisons consécutives de prise de licences "voilà qui laisse rêveur le président de Ligue que je suis". Si le club de billard albertin a été créé en 1952, Alain n'a que 14 ans quand il accompagne son père Marcel et son frère ainé Claude au Café de la Poste, rue Jeanne d'Harcourt, à l'époque où le club est présidé par Mr Daniel Vallée. Le jeune garçon montre déjà de belles dispositions pour ce sport et il ne cessera de chercher à les améliorer, s'entrainant souvent seul et en autodidacte comme il aime à le rappeler. Si il a des facilités pour réussir au billard, il en a aussi pour faire des études et, en 1958, il obtient le Baccalauréat avec mention - ce qui, à l'époque avait une tout autre signification qu'aujourd'hui ! Il intègre ensuite l'Ecole Normale Supérieure pour pouvoir effectuer le plus beau métier du monde : Instituteur. Ce métier, il l'effectuera avec passion pendant de nombreuses années et presque intégralement au village de Bécordel-Bécourt, tout près d'Albert. En 1997, tout jeune retraité, il se verra remettre les "Palmes Académiques".
C'est en 1967 à Paris, qu’Alain participe à sa 1ère finale nationale...21 autres suivront et encore, l'Education Nationale ne l'a pas autorisé à en disputer plus… il obtiendra 5 médailles d'or, 2 médailles d'argent et 4 médailles de bronze. "Si j'ai bien calculé, cela fait 11 médailles pour 22 finales de Championnat de France... ce ratio doit laisser admiratif un bon nombre de compétiteurs ici présents et dénote aussi d'évidentes qualités de matcheur".
Je ne reviendrai pas sur chacune de ces finales, mais je signalerai quand même que 4 d'entre elles se sont déroulées dans la plus haute catégorie à la bande où Alain a affronté des joueurs de classe mondiale comme par exemple, Roland Dufetelle – contre qui il avait réussi à faire match nul - ou Francis Connesson, qui me confiait encore il y a quelques jours à Andernos le plaisir qu'il avait à retrouver Alain lors de ces championnats et aussi en dehors...
Si son 1er championnat de France s'est déroulé à Paris, son dernier a eu lieu en banlieue parisienne à Maisons Alfort, en 2007... soit 40 ans plus tard et il s'est soldé par un nouveau titre "Une bien belle façon de boucler la boucle “.
Ce titre était un championnat par équipes en 2ème division et il revêt un caractère particulier puisqu' il fut obtenu avec son fils Olivier, mais aussi avec Jean François Pézeril et Cédric Melnytschenko, soit 3 joueurs du club qu'il a lui même formé...
Car si Alain était un joueur de très bon niveau, il est aussi et surtout un remarquable formateur. Si le Rétro Albertin continue à être un vivier de bons et jeunes joueurs, c'est en grande partie à lui qu'il le doit. Combien d'heures passées en compagnie de licenciés de tout niveau que ce soit, du joueur confirmé au grand débutant ? Combien de mercredis après midi à diriger l'Ecole de Billard ? Combien de week ends sacrifiés pour arbitrer, accompagner ou encourager les compétiteurs de son club. D'ailleurs aujourd'hui encore, c'est lui qui est responsable du créneau du mardi après midi pour un public de jeunes retraités !
Mais si nous sommes ici ce soir, c'est aussi et surtout pour honorer l'immense président qu'était Alain. Président incontestable et incontesté de 1976 à 2012, soit 36 années consécutives à la tête du plus grand club de la Somme et des environs...
S'il était un président rigoureux dans tout ce qu'il entreprenait, c'était aussi un grand fédérateur qui savait rassembler pour mener à bien tous ses projets. Quand il prit la présidence du RETRO en 1976 – en même temps que celle de la Ligue de Picardie dont il occupa la tête pendant 8 ans – le siège du club albertin se situait au Café de la Musardière, rue Victor Hugo, en face du Monuments aux Morts. C'est la grande époque du billard Français avec une ou ta dans chaque café. Les relations avec l'ancien propriétaire des lieux s'étant détériorées, il a fallu trouver une solution de repli, et le club a été accueilli pendant la saison 84-85 au Café "La Rotonde", siège de l'UABA, juste à coté de la Mairie. Charles et Liliane Delepouve, les anciens tenanciers, et Philippe Laffilez, président de l’UABA à cette époque, qui sont présents ici ce soir, soyez en encore remerciés !
L'année suivante, le club va emménager dans un nouveau local, au 13 Rue Philippe Carette, là où se trouve l'actuelle résidence Sainte Marie Verrier... "vous aurez noté que l'on en profite pour réviser la géographie locale". Cette salle aura été obtenue grâce aux bons résultats du club, mais aussi grâce à la pugnacité d'Alain qui a réussi à convaincre Mr Claude Landas, le maire d'Albert à cette époque, du bien-fondé de cette décision. Le club restera 10 ans rue Philippe Carette, mais la salle, avec seulement 3 billards, est devenue trop exigüe pour la soixantaine de licenciés qui la fréquente.
Alain projette de demander un agrandissement, en direction des Ateliers Municipaux qui se trouvent à l'arrière de la salle. Il a déjà pratiquement fait les plans, quand il reçoit un coup de fil du maire, Mr Stéphane Demilly ! Très vite, il faut aller visiter l'ancienne Discothèque « L'Océanie » que la Municipalité d'Albert envisage d'acquérir... La visite se fait donc en comité restreint, à la lumière des lampes torche et la décision doit être rendue dans les 48 heures. Vous l'aurez toutes et tous compris, cette salle est celle dans laquelle nous nous trouvons depuis 1996 et qui fait notre fierté et l'admiration de beaucoup de joueurs et de clubs de l'extérieur.
Sous sa présidence, le Rétro Albertin va organiser 11 finales nationales et il va aussi organiser 1 Championnat du Monde au Cadre 71/2 en l'an 2000. Je me souviens qu'à la fin d'un championnat de France organisé en 1998 au TJP, le délégué de la FFB avait émis l'hypothèse d'assister un jour à un Championnat International dans la Cité d'Ancre. Stéphane Demilly s'était retourné vers ALAIN, en lui demandant si c'était possible ? Et bien, il n'a pas dû lui demander une seconde fois ! Et c'est de nouveau, sans compter et de manière désintéressée, que notre cher président s'est jeté dans l'aventure. Et quelle aventure ? Pensez donc, un Championnat du Monde dans une petite ville de la Somme...Comme à son habitude, Alain a minutieusement monté des dossiers de subvention vers nos partenaires institutionnels et à cette belle époque, il était possible – et nous l'avons expérimenté avec Alain - de discuter d'une subvention chez le Président du Conseil Général, mon cher Fernand, devant un 12 ans d'âge écossais !!!
Beaucoup de travail en amont bien sûr, mais quelle récompense au final que ce Théâtre du Jeu de Paume copieusement garni pendant 4 jours et quelle fierté pour Alain de pouvoir se dire, encore aujourd'hui : "On l'a fait !"
Enfin pour terminer ce discours "je vois bien que vous commencez à trouver le temps long" je vais évoquer une autre facette d'Alain , c'est celle de l'homme et du père de famille.
S'il est un adage qui dit “Malheureux au jeu, Heureux en amour”, il n'a certainement pas été inventé pour notre ami Alain, qui, “en plus d'être heureux au jeu du billard, l'est aussi au jeu de l'amour”... et c'est avec Colette, qu'il a épousé le 10 novembre 1962, que cet amour dure encore et toujours. Très souvent présente dans les grandes compétitions à Albert, qui, quand elle n'était pas préposée à la buvette, devait parfois faire à manger, à son domicile, aux joueurs de l'extérieur “on me parle encore parfois du fameux coq au vin de Madame Jonard”. Colette, l'épouse aimante qui lui a donné 4 enfants “évidemment tous joueurs de billard et tous impliqués dans la vie du Club”, si bien impliqués que c'est un de ses fils, Frédéric, qui a pris le relais de son père à la présidence du club en 2012 et que nous honorerons peut être aussi, ici même, dans une trentaine d'années...et comme 3 de ses petits enfants sont aussi licenciés au club, nous nous retrouverons peut être également ici vers les années 2080… mais ceci est une autre histoire !!!
Pour tout ce que tu as fait au club, pour tout ce que tu fais et que tu feras encore : MERCI ALAIN !"
