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Blomdahl et Zanetti : leur vision de l'avenir

06/04/2018

Publié par jérémie picart

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© © Kozoom
Marco Zanetti : "J'espère vraiment que le billard occupera une meilleure place maintenant."

L’année de vérité pour le 3 Bandes mondial se profile et le monde du billard attend avec impatience les nouveaux défis à venir, le superbe calendrier 2018 extrêmement bien rempli, les grands tournois internationaux et l’augmentation spectaculaires des dotations. Raymond Ceulemans, légende vivante belge, peut remplir une salle entière avec toutes ses coupes et trophées glanés au cours de ses années de gloire alors que les meilleurs joueurs actuels s’apprêtent à empocher des sommes folles, parfois 200.000 euros pour une victoire.Un avenir doré les attend, la Ceulemans Cup prend forme, le circuit Masters, l’énorme événement new-yorkais, voilà pour les nouveautés qui s’ajouteront au circuit des World Cups et aux championnats du monde.

Deux joueurs emblématiques de la discipline au palmarès éloquent, de la même génération, analysent cette nouvelle donne. Le Suédois Torbjörn Blomdahl (55 ans) et l’Italien Marco Zanetti (55 ans) sont à l’aube d’une année historique pour le billard 3 Bandes. L’interview de Kozoom traite des nouvelles opportunités, de la professionnalisation du 3 Bandes, de l’exposition télévisuelle, du rôle des fédérations et des organisateurs , de l’émergence d’une nouvelle génération de joueurs et de leur propre avenir. « Cette année est la véritable étape du lancement vers de nouveaux sommets. »

Jetez un oeil dans votre boule de cristal s’il vous plaît, Messieurs Blomdahl et Zanetti.

 

Frits Bakker/Kozoom : Nous sommes à moins d’un mois de la première World Cup 2018 d’Antalya. Comment se déroule votre préparation en vue de l’année la plus importante de l’histoire du 3 Bandes ? Comment s’est passée la trêve hivernale, détente, vacances ?

 

Marco Zanetti : Après plusieurs échéances et de longs voyages fin 2017, j’ai joué à Hurghada en décembre dernier puis j’ai fait une pause de deux mois avant de jouer le championnat par équipe en Italie. C’est ma seule compétition cette année. Après Hurghada, j’ai arrêté de jouer durant un mois et je me suis essentiellement consacré à ma famille, à me reposer chez moi et à recharger les batteries. Maintenant, je m’entraine à nouveau tous les jours ici à la maison.

 

Torbjörn Blomdahl : Après Hurghada, j’ai eu le temps d’aller skier, de prendre des vacances avec mes fils, de me reposer et de m’entrainer bien entendu. J’ai aussi pris le temps de m’occuper d’affaires personnelles que j’avais dû reporter en raison d’une fin d’année 2017 chargée. A propos de mes entrainements, j’aime jouer avec mon fils Yannick, il veut s’améliorer, il aime le jeu de plus en plus. Et j’aime lui enseigner. Je m’entraine seulement au club de Stuttgart, club le plus ancien d’Allemagne il me semble. J’étais à la célébration des 125 ans du club. Chez moi, je n’ai plus de billard et donc quand je pratique, je suis souvent en Corée ou en Turquie.

 

 

FB/Kozoom : L’année de vérité, en terme d’organisations, a été précédée d’une période de négociations entre l’UMB et Kozoom, entre autres. De merveilleuses annonces ont suivis et le 3 Bandes international ne s’est jamais aussi bien porté. En tant que professionnels aguerris, quelle est votre analyse à l’aube de cette nouvelle période ?

 

TB : C’est vraiment super pour nous avec autant de tournois à venir. Je remercie Mr Barki et Kozoom pour tous ces efforts entrepris. Il se pourrait même que ce soit encore mieux les années à venir. Nous avons besoin de ça, de ce qui se passe actuellement. Jouer en équipe est amusant mais le 3 Bandes est un sport individuel. Regardez le Snooker. Avez-vous déjà vu du Snooker par équipe à la télé ?

 

MZ : Nous pouvons définitivement dire que le 3 Bandes est à un stade différent et que cette année est la véritable étape d’un lancement vers de nouveaux sommets. Je suis ravi de cet intérêt croissant pour notre sport et c’est merveilleux de pouvoir se projeter vers une action croissante et vers de nouveaux défis dans cette période de maturité de ma carrière.

 

 

FB/Kozoom : Que pensez-vous de ce nouveau défi au milieu de la cinquantaine. Êtes-vous motivé plus que jamais ? Combien de temps pensez-vous que Blomdahl et Zanetti soient capables de rester au Top ? Cinq années de plus, dix années de plus ?

 

MZ : Quand j’étais jeune, la trentaine, j’ai songé arrêter le billard à l’âge de 50 ans. Maintenant j’en ai 55 et je réalise que mon jeu est meilleur qu’il y a 5 ou 10 ans. Je ressens plus de plaisir et de satisfaction maintenant. Donc je ne me fixe plus de limite d’âge, je continuerai à jouer aussi longtemps que j’aimerai le faire. C’est un grand honneur pour moi de participer à cette aventure au plus haut niveau à mon âge, cela aide à rester jeune. Ceulemans a remporté son dernier titre mondial à 65 ans alors laissez-nous encore dix années supplémentaires à moi et Torbjörn si Dieu le veut ou « Inshallah » si vous préférez.

 

TB : La motivation est la même. Et pour combien de temps ? Cinq années supplémentaires, ça semble pas si mal si ça marche. La compétition devient difficile.

 

 

FB/Kozoom : La compétition au sommet est très féroce en effet. Qu’avez-vous prévu d’entreprendre, comparé à ce que vous faisiez déjà ces dernières années, pour rester devant la nouvelle génération ?

 

TB : Le principal pour rester au Top est d’être en bonne condition. J’essaie toujours de sortir m’entrainer : course à pied, vélo. A l’heure actuelle et depuis quelques mois déjà, j’ai un souci au pied mais dès que je serai rétabli, j’attaquerai l’entrainement.

 

MZ : J’essaie en permanence d’améliorer mon jeu et je garde cet état d’esprit à l’entrainement. Et j’essaie aussi de conserver une bonne forme physique.

 

 

FB/Kozoom : Les meilleurs mondiaux porteront une attention constante sur le calendrier international mais jusqu’ici, on n’entend que très peu de commentaires sur les changements. Comment votre vie est-elle affectée par ce nouvel agenda bien rempli ?

 

TB : J’ai arrêté de jouer par équipe aux Pays-Bas, en Belgique et en France pour gagner du temps. Comme je l’ai dit, je voyage beaucoup en Asie et en Turquie depuis quelques années. Ma vie ne changera pas fondamentalement avec ce nouveau calendrier, nous l’aimons tous et sommes prêts à relever le défi.

 

MZ : Je ne joue plus par équipe les championnats étrangers et je me focaliserai donc sur le calendrier UMB. Il y aura davantage de longs voyages mais il n’y a rien à redire à ça.

 

 

FB/Kozoom : On ressent beaucoup d’optimisme autour de nous, les perspectives sont bonnes. Quelle est votre opinion sur les nouveaux tournois, les nouvelles formules de jeu disons à propos de la Ceulemans Cup et des tournois Masters ?

 

MZ : Tout semble intéressant et excitant et j’estime qu’il vaut la peine d’essayer ces nouvelles formules de jeu. La Ceulemans Cup s’apparentera à la Mosconi Cup au Pool. Seulement à l’issue de la saison à venir, nous pourrons tirer des conclusions sur ces nouveautés.

 

TB : Le cycle des tournois Masters peut être très intéressant, nous devons attendre et voir. La formule de jeu de la Ceulemans Cup, je ne sais pas en quoi cela consiste exactement. Mais si c’est une sorte de Ryder Cup alors ça semble très bien.

 

 

FB/Kozoom : Le monde extérieur n’a pas encore compris et se demande combien peut gagner le meilleur joueur de l’année à venir ? Pouvez-vous nous faire une supposition éclairée ?

 

MZ : Le joueur qui empochera le plus de gains en fin d’année sera probablement le vainqueur du Mc Creery Champions of Champions car c’est le tournoi le plus doté. Je pense que le joueur qui l’emportera plus quelques autres victoires par ci par là et une saison complète peut atteindra 200.000 euros voire peut-être encore un peu plus.

 

TB : Je ne connais pas encore les dotations sur les tournois Masters mais le vainqueur de New-York sera récompensé de 200.000 euros sponsoring non-inclus. Avec quelques gains supplémentaires, il peut espérer gagner 300.000 euros dans l’année. C’est parfait pour les joueurs qui seront invités.


                               

 

FB/Kozoom : Peu de joueurs sont habitués à jouer sous la pression de telles dotations. Comment les professionnels chevronnés abordent-ils cet aspect. Avez-vous un avantage face à un jeune joueur lors d’une finale à 50.000 euros par exemple ?


TB : Je ne pense pas qu’il y ait de pression supplémentaire, peut-être même qu’il y en aura moins. Parce que les dotations sont plus élevées pour tout le monde, à tous les étages. La différence entre être jeune ou vieux sur une finale ? Quand j’étais jeune, j’avais toujours le sentiment d’avoir l’avantage sur des joueurs plus âgés. Plus de pression ? Ca ne devrait pas mais vous savez, je suis habitué à gagner alors ça me fait bizarre de perdre des matchs.

 

MZ : Tous les joueurs auront un surplus de pression cette année, c’est sûr. La décision finale ne se fera pas sur les critères d’âge mais sur d’autres aspects bien plus importants.

 

 

FB/Kozoom : Dans les négociations, il y a d’un côté l’UMB et Kozoom et de l’autre, il y a les joueurs. Y a t’il toujours un collège de joueurs où se retrouver ? Le syndicat des joueurs MBA fonctionne-t-il encore et à quel point est-il important de rester unis ?

 

MZ : L’association des joueurs existe toujours et le comité est composé de Gökhan Salman, Tayfun Tasdemir, Dick Jaspers, Torbjörn et moi. Nous communiquons bien ensemble et il règne une très bonne ambiance entre nous. Pour l’UMB, il est important d’avoir cette association comme interlocuteur au lieu de demander l’opinion de chaque joueur un par un. Et il ne fait aucun doute que nous travaillons pour la communauté des joueurs. Nous entretenons d’excellentes relations avec Kozoom et l’UMB, tout se passe comme nous le souhaitions et en tant que joueurs, notre souhait est de voir se développer notre sport bien sûr.

 

TB : Nous parlons toujours de l’actualité comme maintenant, en prenant en considération les avancées récentes. Nous formons un groupe fort et échangeons souvent lors des tournois, même par mails ou par téléphone. Marco est en charge de la communication envers les joueurs.

 

 

FB/Kozoom : Combien de joueurs, selon vous, pourra vivre de son sport avec la nouvelle donne ? Combien de véritables pros y a-t-il aujourd’hui et combien peut-il y en avoir demain 10 ou 20 aujourd’hui ? Jusqu’où cela peut-il aller ?


MZ : En Europe, il n’y a pas plus de 12 à 15 joueurs, je ne sais pas combien ils sont en Corée, au Vietnam, au Mexique et en Amérique du Sud et difficile donc de donner une réponse claire. J’espère que ce nombre grossira dans les années futures.

 

TB : Je ne peux estimer les contrats de sponsoring de chacun, il est donc difficile de vous répondre. Je veux être prudent car je n’en ai aucune idée. Peut-être 30 à partir de cette année ? Je n’aime pas faire de pronostics.

 

 

FB/Kozoom : Le billard, dans cette nouvelle configuration, a-t-il plus de chances ou une meilleure chance d’obtenir le statut olympique ?


MZ : A mon avis, le nouveau défi du 3 Bandes sera d’obtenir le statut olympique. C’est le sujet qui est au coeur du travail de nos instances dirigeantes, de la WCBS et d’autres facteurs sont essentiels pour cela. Le Snooker est divisé en deux fédérations, leurs relations ne sont pas toujours faciles. Le Pool et le Carambole organisent leurs propres événements indépendamment les uns des autres. Une seule fois tous les quatre ans, toutes ces disciplines cohabitent lors des World Games. Le statut olympique changerait énormément de choses pour notre sport et c’est le plus grand défi auquel nos fédérations doivent faire face à l’avenir.

 

TB : Je ne suis pas très optimiste mais cela n’engage que moi.

 

 

FB/Kozoom : De quoi le billard a t-il besoin globalement et à ce moment précis pour poursuivre les efforts de professionnalisation et se structurer encore mieux ? Que faut-il faire pour attirer encore plus l’attention des médias et utiliser au mieux ce nouvel élan ?


MZ : Nous avons besoin d’événements réussis et de bonnes relations avec les médias et les sponsors. En Corée, le pays le plus important maintenant, et plus particulièrement en Europe. Et un esprit de coopération entre tous les organismes officiels sans jalousie et sans concurrence interne.

 

TB : Je ne suis pas vraiment compétent en terme d’organisation du monde du billard. Ce que nous pouvons faire nous joueurs, c’est d’essayer de réfléchir à de nouvelles idées sur les règles et les formules de jeu, les distances de matchs, les dotations et leur distribution. Et bien sûr, soutenir toutes les bonnes initiatives. Nous devons coopérer étroitement avec l’UMB et Kozoom.

 

 

FB/Kozoom : Avec les nouveaux Blomdahl, Zanetti, Jaspers, Caudron et Merckx en provenance de Corée mais aussi d’Europe et d’Amérique du Sud ?


MZ : Il y a tellement de nouveaux talents émergents dans le monde, qui peut prévoir ? Imaginez-vous il y a 40 ans à la fin des années 70, qui aurait pu prévoir que les meilleurs joueurs viendraient de Suède, d’Italie ou de Turquie ? Et un peu plus tard, de Corée et du Vietnam ? L’auriez-vous cru ?

 

TB : J’ai toujours le sentiment que nous pouvons amener quelques joueurs européens au plus haut niveau. Mais pour l’instant, il me semble qu’ils proviennent d’Asie.


                              

 

FB/Kozoom : Pouvez-vous nommer des facteurs qui pourraient entraver les grands projets de l’UMB et de Kozoom ?


TB : Nous connaissons tous les principaux objectifs du billard mondial. C’est une phase cruciale du développement du billard. Nous ne pouvons plus nous permettre de rater des occasions. Le plus important est que nous unissions nos forces avec toutes les fédérations du monde. Il y a quelques conflits en ce moment, les tournois coréens par exemple. J’ai toute confiance en Mr Barki et Kozoom pour résoudre tout ça prochainement.

 

MZ : Les facteurs les plus importants seront une couverture télévisuelle étendue et la coopération entre les organisateurs, les fédérations nationales, les sociétés de marketing et les sponsors pour une satisfaction mutuelle. Kozoom et l’UMB ont devant eux l’énorme défi de sensibiliser tous les corps travaillant pour l’avenir du 3 Bandes dans la même direction avec pour objectif de développer encore notre sport. Excellente communication, patience et stratégie marketing géniale sont nécessaires.

 

 

FB/Kozoom : Le niveau de jeu va-t-il encore évoluer avec tous ces changements ?Les moyennes ont déjà progresses de manière spectaculaire ces derniers temps. Où cela s’arrêtera-t-il ? Quelles sont vos attentes ?


TB : Comparé à tous les autres sports, le 3 Bandes n’est pas une exception. Ce que nous obtenons maintenant, c’est un sommet très large et je suppose que ça va continuer un bon moment. Et un jour, nous aurons notre Ronnie O’Sullivan, un joueur qui gagnera ce qu’il veut gagner et quand il le veut. Mais ça prendra un certain temps.

 

MZ : Les moyennes des meilleurs joueurs pendant une saison complète ne peuvent plus augmenter tant que ça. Peut-être qu’un jour, nous verrons un joueur réaliser 3,000 de moyenne générale ou alors un match sensationnel à 10,00. Mais s’il y a 10 à 15 ans, la moyenne de 1,400 était suffisante pour faire partie du Top 20, aujourd’hui ce n’est plus assez et bientôt, il faudra faire peut-être 1,700/1,800 pour être dans le Top 20.

 

 

FB/Kozoom : Pouvez-vous nommer les talents d’aujourd’hui, qui pourra dépasser les Blomdahl, Jaspers, Zanetti, Caudron, Merckx, Kim et Choi dans les prochaines années ?


MZ : Il est impossible de faire des prévisions en ce sens. Il y a tant de bons joueurs entre 20 et 55 ans qui rendent la compétition si intéressante non seulement en terme géographique (Asie, Europe, Amérique) mais aussi entre les différentes générations. Nous verrons dans le futur quelle sera la véritable limite d’âge pour un joueur de haut niveau quand la vie biologique réduira les performances sans aucun doute. Nous avons des représentants de 10 ou 12 pays qui peuvent atteindre des sommets même les excellents joueurs qui ont maintenant 40 ans et qui peuvent être au Top dans 10 ans. Donc une liste exhaustive serait trop longue.

 

TB : A mon avis, Haeng-Jik Kim, le jeune Cho. Pour les autres, il est prématuré de donner un avis.


                                                  

 

FB/Kozoom : Dernière question : regardez dans votre boule de cristal et dites-moi où se situera le billard dans le monde du sport dans 10 ans ?


MZ : J’espère fortement que le billard aura la meilleure place possible pour attirer la nouvelle génération et assurer la continuité de nos compétitions professionnelles. Je pense que les 2 à 3 prochaines années seront décisives pour mieux anticiper les développements. Sans oublier que l’obtention du statut olympique serait également une étape fondamentale pour les générations futures.

 

TB : Si nous continuons à doubler les prix, nous pourrions être un sport très important dans 10 ans. Mais je ne possède pas de boule de cristal.

 

(Traduction de l’article de Frits Bakker en langue anglaise)

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