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Ciment, gazon et terre battue

15/08/2018

Publié par jérémie picart

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© © Kozoom

Wimbledon est mon tournoi favori mais le tennis ne serait pas le tennis sans Roland Garros, l’US Open et Melbourne. Divers joueurs y brillent, divers aspects du jeu y jouent un rôle clé. Je ne conseillerai jamais ou n’espérerai jamais un passage de Flushing au gazon ou de Roland Garros au ciment. Les patates et le riz, c’est sympa mais parfois on a une envie de pizza.

 

C’est plus ou moins la même chose pour les formules de jeu des tournois 3 Bandes. Les World Cups, telles qu’elles se présentent aujourd’hui, ont une formule de jeu solide et je ne pense pas qu’il faille opérer de changements drastiques au cours des 5 ou 6 prochaines années. Mais nous avons d’autres formules de jeu et c’est une bonne chose. Le Scotch Double n’est pas une formule dont je suis follement enthousiaste mais quand février approche et que Viersen pointe le bout de son nez, alors je me réjouis d’y assister. La formule du championnat du monde à 48 joueurs est souvent critiquée car la sélection des joueurs est à moitié basée sur le mérite et à moitié sur les invitations. Pourtant, il y a de (très) bonnes raisons de fonctionner ainsi et je n’ai jamais vu dans ma vie d’inintéressants championnats du monde. Plus récemment, l’apparition des 3CC Masters avec des positions aléatoires générées par ordinateur. Un seul tournoi jusqu’à présent et ça m’a à moitié plu. Je suis vraiment convaincu qu’il ne faut pas écarter le face-à-face dynamique entre les joueurs avec le jeu de l’attaque défense au profit de cette formule, un seul tournoi de ce type par an suffit.

 

Le Mc Creery qui vient de se jouer prend une voie différente : au lieu d’introduire une nouvelle formule de jeu, il en réutilise une ancienne, la poule unique (Round Robin). Traitez-moi de fossile mais je l’adore. Un tournoi en poule unique signifie que tous les joueurs se rencontrent l’un l’autre une fois. Un bon directeur de jeu (et Charles Brown en est un) s’assurera que les matchs cruciaux se jouent lors des derniers tours de jeu. Le point négatif : il y aura des matchs lors des deux derniers jours qui décideront uniquement des places 11 et 12 avec pour seul intérêt, une légère différence de prize-money. Une poule unique permettra toujours de qualifier les meilleurs et c’est de cette façon que Raymond Ceulemans a gagné ses 23 titres mondiaux.

 

Dans les formules de KO direct comme les World Cups, un fort joueur peut être éliminé par un joueur moins fort qui brillera sur ce match précis. Shin Dae Kwon / Jaspers à Ho Chi Minh 2015 me vient à l’esprit ou encore Zapata / Caudron à Blankenberge 2018; aucun doute, vous en aurez beaucoup d’autres en mémoire. En poule unique de 12 joueurs, le Top 4 aura toujours plus de moyenne que le Bottom 4. Cette formule mesure votre qualité de jeu sur une semaine et non pas sur une seule journée. Vous pourrez perdre de façon malencontreuse une ou deux fois mais pas cinq ou six fois. Cela n’a pas été différent à New-York quand Caudron, Merckx, Jaspers et Sayginer se sont retrouvés dans le Top 4, ils étaient simplement les meilleurs joueurs sur la semaine. Dani Sanchez et Sung-Won Choi ont obtenus de bonnes moyennes générales mais avec bien trop de moments faibles. Heang-Jik Kim n’était pas loin de ce Top 4 mais Marco Zanetti en a décidé autrement lors du dernier tour de jeu. L’histoire de Marco est la plus étrange : il démarre sur 4 défaites avec 1,228 puis il gagne les 7 matchs suivants et remonte à 1,526.

 

En résumé j’adore la poule unique car elle est honnête. Regardez plutôt : en World Cup, le vainqueur final est TOUJOURS invaincu. En poule unique, il l’est rarement. Caudron était le meilleur joueur du Mc Creery, victoire entièrement méritée, et il est le meilleur joueur du monde. Mais il aura perdu QUATRE matchs sur les treize qu’il aura joués à New-York car l’ensemble du plateau était très relevé. Le KO direct masque la vulnérabilité d’un joueur, la poule unique la dévoile. Cela n’enlève rien au mérite de la victoire finale, au contraire ça en ajoute.

 

Mon avis sur les différentes formules de jeu : nous en avons suffisamment. Quelques années plus tôt, nous cherchions désespérément de nouvelles innovations qui pourraient faire briller notre sport. Aujourd’hui, nous pouvons nous reposer un peu : notre sport se porte bien et les meilleurs mondiaux peuvent faire un peu d’argent. Le calendrier est rempli et les compétitions sont très variées. S’il y a une chose que nous NE devrions PAS faire : essayer de transformer l’identité du 3 Bandes pour en faire un sport de masse. S’il y a une chose que nous DEVRIONS faire : attirer les jeunes au billard. Nous devons dépenser notre temps et notre argent à cela. Car vous et moi, nous vieillissons.

 

(Traduction de l’article en langue anglaise de Bert van Manen)

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