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Connaitre les faiblesses de vos adversaires

07/26/2016

Published by jérémie picart

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© Kozoom

L’une des choses qu’aime un joueur de billard est de faire de la moyenne. Un gars valant 0,500 fait parfois des matchs à 0,750 et c’est stimulant. Il pense alors valoir 0,750 même si ce n’est que temporaire.

Il y a une autre chose qui nous stimule tout autant et même bien plus, c’est la victoire.

"Peu m’importe de perdre si j’ai bien joué." c’est ce que dirait un enfant.

"Peu m’importe de faire 123 reprises à partir du moment où je gagne." Là c’est un homme responsable qui parle (il ment mais ça sonne juste).

Si vous voulez gagner, construisez votre force. Faites ressortir le meilleur de vous et les récompenses viendront. Mais soyez tout aussi élégant que vous êtes fort. Il faut parvenir à développer une lecture juste des faiblesses de vos adversaires.

Mon conseil du jour : savoir contre qui on joue.

Les échauffements ne durent pas 5 minutes mais 10 : 5 pour vous et 5 pour votre opposant. Si vous gardez les yeux grands ouverts, vous apprendrez des choses.

Laissez-moi vous dresser quelques portraits de joueurs que vous rencontrerez inévitablement.

Monsieur Naturel :

Il peut être effrayant. Vous l’observez s’échauffer et il semble ne rien rater. La moitié de ses coups se déroulent de façon naturelle, tout est parfait, fluide. Tout est joué à l’intuition sans calcul. Etait-ce une série de 7 ? Vous êtes sur votre chaise et vous vous sentez déjà surclassé avant même le début de la rencontre.

Mais attendez un peu. Ce gars – sur la saison – est à peu de choses près du même niveau que vous. Comment est-ce possible ? Il doit être bien moins fort en situation de match qu’il ne l’est à l’échauffement. Voilà, vous venez de le démasquer ! Il adore le billard mais il hait la pression.

Vous savez à présent ce qu’il convient de faire. Rendre ce match dur et inconfortable. Si vous vous apprêtez à faire de la série tour à tour, il risque d’être plus fort que vous. Alors ce match doit devenir tactique. De la patience. Oui, défensif. Il hait cela. Cassez son rythme. Il joue tout à l’intuition. Si, à la place, vous pouvez le forcer à réfléchir, il est cuit.

Rappelez à Monsieur Naturel, tôt dans le match, que vous êtes son adversaire, et que le 3 Bandes est un jeu difficile et frustrant. Si vous prenez une belle route en tarmac, vous ne pourrez rivaliser avec lui. Par contre si vous l’emmenez faire un tour dans les dunes, vous aurez l’avantage.

Le Professeur :

S’il y a bien un signe trahissant le Professeur à l’échauffement, c’est le temps qu’il passe à s’entraîner avec une seule bille. Visant avec précaution à partir du coin inférieur droit de la table en direction de la troisième mouche de la grande bande de gauche, vérifiant bien son arrivée. Oui ! Ca tombe bien sur le coin inférieur gauche. Et il y a plein d’autres lignes qu’il souhaite vérifier.

Le Professeur ne s’échauffe pas vraiment pour le match. Il établit une notice d’utilisation de la table. Et il prend des notes mentalement sur son rendement tout au long de ces 5 minutes. Il veut savoir de combien il devra compenser plus tard pour cette ligne ou pour cette position.

Les Professeurs sont les plus gentils gars au billard. Presque toujours, ils sont de beaux perdants. C’est très sympa de parler ensuite avec eux au bar au sujet de tel ou tel coup. Ils connaissent plein de choses. Beaucoup d’entre eux sont des enseignants et de bons ambassadeurs de notre sport.

Mais ils ne gagnent que très rarement des tournois. En fait, ils gagnent même très peu de matchs. Ils pensent que le billard est une science exacte et ça ne l’est pas. Ils jouent le coup correct, la vitesse correcte comme décrit par le livre de Ceulemans et ils ratent d’un rien. Ils ne changent pas de tactique quand le score est de 39/37 ou quand la table n’est pas des plus conformes pour jouer le jeu de replacement sur un coup particulier. Ils sont très intelligents mais pas très élégants.

Si vous avez un peu de bon sens, si vous savez improviser, si vous êtes capable de garder la tête froide, vous battrez le Professeur huit fois sur dix.

Le Broyeur :

Ce type n’impressionne pas le temps de l’échauffement et c’est là le danger. Vous le sous-estimerez car son jeu ne semble pas extraordinaire. Regardez-le jouer 5 coups et vous arriverez vite à la conclusion que vous êtes bien supérieur au Broyeur.

En effet, vous l’êtes. Mais rappelez-vous un truc : il s’en fout. Le Broyeur n’a que faire de votre réputation ou de votre statut. Pas plus qu’il accorde d’importance aux systèmes, à la technique, au juste coup à jouer. C’est souvent un autodidacte qui n’a qu’une chose en tête : la marque. S’il a l’opportunité de vous faire jouer un SALE match, il pensera qu’il est meilleur que vous. Je déteste dire ça mais il aura raison.

Le Broyeur peut faire tout mal mais quand même réussir les points. Sa queue va de haut en bas, sur les côtés, son corps bouge avant, PENDANT et après le coup. Si vous étiez en avion, vous demanderiez à l’hôtesse un sac vomitif. Mais lui s’en fout royalement tant que l’arbitre lui accorde les points. Son arme la plus profonde, la volonté de vaincre.

Il a déjà battu des joueurs plus forts que lui auparavant et ce n’est pas qu’il ait atteint leur niveau de jeu. C’est parce qu’il les a amenés à son niveau. Et rappelez-vous : Monsieur Naturel et le Professeur parfois jettent l’éponge à la mi-partie mais vous ne vous débarrasserez jamais du Broyeur avant que la feuille de match ne soit signée.

Comment l’aborder alors ce Broyeur ? Ne le détestez pas. Si vous le faites, vous boirez le poison en espérant que ce soit lui qui meure. Aimez plutôt son jeu à la place. Il faut juste que vous respiriez, que vous restiez en éveil jusqu’à ce que l’arbitre vous dise que c’est à votre tour de jouer. A partir de ce moment, profitez, amusez-vous, jouez au billard selon vos principes. Les Broyeurs conservent leur pouvoir même assis sur leur chaise.

(Article de Bert van Manen traduit de sa version anglaise)

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