Logonewstvcommunitystore

Générale

Entretien avec Jean-Paul Sinanian

09/02/2016

Publié par jérémie picart

commentlinktwitterfacebook
thumbnail
© © Olivier Lacroix

Kozoom / Xavier Carrer : Bonjour Jean-Paul Sinanian, depuis votre électon comme Président de la FFB, vous nous aviez proposé de nous tenir régulièrement au courant de l'avancée des projets fédéraux au cours de cette olympiade. Vous tenez promesse en engageant cette nouvelle discussion. Merci à vous. Comment allez-vous en ce début d'année ?

 

Jean-Paul Sinanian : Je vais bien, merci. J’ai eu du mal au début à prendre mes marques quant au rôle de président, il m’a fallu apprendre mais je pense que je travaille plus efficacement aujourd’hui qu’au début.

 

KZM : Donc vous arrivez à concilier sans problème votre vie active, celle du médecin et celle de bénévole ?

 

JPS : Sans problème est un bien grand mot : je jongle parfois et j'ai peu de temps pour moi. J'ai arrêté de jouer. J'ai adapté mon emploi du temps professionnel.

 

 

KZM : Et avec un peu de recul, le jeu en vaut-il la chandelle ?

 

JPS : Oui, je crois que le chemin parcouru depuis trois ans est immense. Je regrette que ça n'aille pas plus vite mais j'ai appris beaucoup et l'équipe qui m'entoure est très stimulante, très enrichissante. Le plus difficile à admettre, c’est la difficulté de faire savoir ce que l'on fait. De constater que ce sont plus les problèmes qui se voient que les réussites.

 

KZM : Alors justement, parlez-nous de ce qui ne se voit pas assez !

 

JPS : L’organisation des assises du billard à Orléans, l’écriture d'un plan de développement, la reprise du dialogue avec les ligues, la structuration avec la mise en place de la plateforme de services aux clubs et l'embauche d'un agent de développement qui se déplace pour apporter aux clubs des moyens de "s'auditer" et de modifier leur fonctionnement pour ne pas péricliter. Notre première réussite, c’est d'avoir stoppé la chute continue du nombre de licenciés. Si l’on avait continué sur la pente qui était celle de la FFB depuis 2001, on serait sans doute aujourd'hui autour de 8500 à 9000 licenciés. À ce jour, nous affichons plus de 15100 licences et l'année n'est pas finie...

 

KZM : Qu'est ce qui vous a permis d'inverser la tendance ? S'agit-il principalement du recrutement de joueurs de blackball ou la communauté du carambole s'est-elle renforcée ?

 

JPS : Je crois que vous citez là les deux principales actions, indissociables et indispensables. Il faut d’un côté renforcer, structurer, organiser le carambole pour stopper l'hémorragie de joueurs et permettre à nouveau son développement, et de l’autre côté, mettre en place une politique de développement régional du blackball qui permet un gain palpable et plus rapide de licenciés nouveaux et plus jeunes dans un premier temps qu'au carambole.

 

KZM : Vous travaillez donc sur plusieurs fronts ?


JPS : Oui, on peut dire ça. Mais la base et la force de la FFB reste le carambole qui a beaucoup d'atouts et notamment son tissu de salles municipales. Nous ne voulons en aucun cas privilégier l'un plutôt que l'autre mais chacun a son importance et mérite de se développer. Au carambole, les habitudes de fonctionnement sont anciennes, bien ancrées et il faut du temps pour faire changer les mentalités. Au blackball, tout est à créer et les salles commerciales disparaissant nous offrent un créneau. Nous ne faisons pas concurrence à l'Afebas et essayons de travailler ensemble. Les joueurs de blackball commencent pour la plupart dans les bistrots, comme le carambole il y a quelques décennies. À nous de leur donner envie de venir à la FFB.

 

KZM: Il y a quelques mois, la FFB a publié un communiqué annonçant que les championnats multidisciplines à Évian ne seraient pas renouvelés en raison du mauvais résultat financier de la première édition. Du coup, cela donne l'impression d'une certaine improvisation avec, à la clé, un retour en arrière peu flatteur puisque l'organisation des championnats carambole Masters est prévue de nouveau dans un club, à Saint-Maur, en 2016. Qu'est-ce qu’il s'est passé au juste ?


JPS : Nous avions sous-estimé le coût que représentait l'organisation d'un tel événement à distance sans l'appui logistique direct d'un club et/ou d'une ligue. Nous avons dépensé 6 % du budget fédéral pour cet événement, qui était par ailleurs très réussi de l'avis unanime de tous les joueurs. Ajoutés aux autres investissements réalisés dans l'exercice, cela nous a conduit à un déficit important. À partir de là, il était suicidaire de repartir dans les mêmes conditions. La FFB a des moyens humains et financiers limités et ne peut pas mener tous les combats de front…

 

KZM/XC : Vous avez sous-estimé les dépenses et peut-être aussi surestimé les recettes de sponsoring pour Évian ? Peut-on dire que vos actions en la matière ont fait un flop ?


JPS : Oui, c'est un des regrets de la mandature de n'avoir pas su capter d'autres recettes que l'argent des licences et la subvention du ministère. Nous avons essayé de nombreuses pistes sans succès. Nous avons pourtant l'atout d'avoir mis en place très vite le rescrit mécénat qui permet aux donateurs de déduire de leurs impôts 66 % des sommes données et 60 % pour les entreprises.

 

KZM/XC : En tant qu’organisateur, nous sommes bien placés pour confirmer qu'il est extrêmement difficile de convaincre des sponsors aujourd'hui de se positionner sur le billard, même lorsque l'on engage des moyens importants comme pour le championnat du monde à Bordeaux. Cependant, les trop rares sponsors en dehors de l'industrie du billard qui nous ont suivis ont été particulièrement ravis de leur participation et on peut croire en leur fidélité pour 2016. Qu'est-ce que vous retenez de leur réaction, vous qui les avez rencontrés à Bordeaux ?


JPS : Je crois que nous avons des atouts et que nous devons travailler main dans la main pour que chacun puisse aider l'autre tout en y trouvant son compte. Il faut avoir réellement quelque chose à offrir à un professionnel pour l'intéresser et c'est ce que vous avez réussi à faire avec les CM de Bordeaux. Mais chacun doit rester dans son rôle. Nous n'avons pas les moyens humains de faire des organisations d'envergure seuls. Ou alors nous ne faisons plus que ça. Et les manifestations même les plus belles ne suffisent pas si derrière il n'y a pas le travail de structuration des clubs, l'accueil, etc. Ça, c'est le travail de l'institution fédérale.

 

KZM/XC : L’institution doit donc se serrer les coudes pour passer cette période délicate, sans pouvoir compter sur de nouvelles recettes. Se développer avec moins de ressources, c’est une équation délicate, non ?


JPS : Il ne faut pas noircir le tableau. Nos projets ne sont pas paralysés par nos finances. Il faut savoir que notre relation avec le Ministère est bonne. Nos efforts y sont d’ailleurs reconnus, et j’en veux pour preuve une augmentation de 10 % de notre subvention cette année. Dans le contexte actuel, je considère que c’est un véritable exploit !

 

KZM/XC : Effectivement, c’est une excellente nouvelle. Alors pouvez-vous nous en dire plus sur ces nombreux chantiers ?


JPS : C’est difficile d’être exhaustif mais je citerai quand même la refonte et l’adaptation des statuts, le changement de notre logo et la mise en place d’une réelle charte graphique, la refonte du portail internet qui regroupera nos différents sites et qui sera en ligne probablement en mars, la mise au point d'un logiciel de gestion des inscriptions par carte bancaire et du sportif pour les billards à poches…

 

KZM/XC : Et côté formation ? Malgré les médailles françaises chez les jeunes au 3-bandes, les critiques se font malgré tout entendre sur le manque de performances de nos représentants dans les grandes compétitions internationales…


JPS : Eh bien nous agissons aussi. Nous avons commencé à travailler en avril 2015 avec Jérémy Bury dans le cadre de sa formation pour le concours de professeur de sport. Il a mis au point une méthode et un projet de détection et d'accompagnement des jeunes talents. Nous commençons par le 3-bandes qui est la seule discipline de haut niveau comme chacun le sait. Ne pouvant regrouper les jeunes aussi souvent qu'il le faudrait, la méthode consiste à analyser devant l'écran et au téléphone chaque point joué par le jeune en championnat et à analyser avec lui les erreurs, les défauts techniques, les exercices à faire pour progresser. Une véritable méthode d'entraînement professionnel. Je suis assez emballé par ce projet mais il faudra trouver un budget pour le réaliser.

 

KZM/XC : Merci d’avoir répondu à nos questions. Il est encore temps de vous souhaiter une excellente année et beaucoup de réussite dans votre engagement pour la Fédération.


JPS : Merci à vous. Salut aux amoureux du billard !

Commentaires