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Interview Frédéric Caudron par Steve Andersen

12/07/2013

Publié par jérémie picart

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© © Kozoom
Après sa tournée à Mexico du 8 au 14 juillet, Frédéric Caudron se rendra à New-York pour y disputer le Verhoeven Open

Dans le même esprit que l’interview de Semih Sayginer, Steve Andersen de l’USBA s’était auparavant entretenu avec Frédéric Caudron à la fin du mois de juin. Les questions posées au champion belge sont, à peu de choses près, les mêmes que celles posées au Turc.

Caudron, actuellement au Mexique pour une tournée de six jours, sera à New-York à partir du 15 juillet afin de se préparer au mieux pour le Verhoeven Open Tournament.

Voici une retranscription de l’interview de Frédéric Caudron que vous pouvez retrouver en version anglaise sur le site de l’USBA (United States Billiard Association) :

 

Steve Andersen : "Bonjour Frédéric Caudron, c’est Steve Andersen de l’USBA. Je suis ravi  de pouvoir parler avec vous."

Frédéric Caudron : "Oui, merci. Je le suis également."

 

SA : "Merci de nous consacrer un peu de votre temps. Vous arriverez à New-York mi-juillet pour le Verhoeven Open Tournament. Je vais vous poser quelques questions pour tous les membres de l’USBA et pour les amoureux du billard en général. Cela vous convient-il ?"

FC : "Bien entendu, aucun problème."

 

SA : "Vous êtes régulièrement le numéro 1 mondial (actuellement numéro 2). Comment détermine-t-on ce rang, cette place de numéro 1 mondial ? Comment parvient-on à occuper cette position ?"

FC : "Le classement mondial est établit par l’UMB et tient compte de diverses compétitions internationales comme les world cups, les championnats continentaux, mondiaux et également nationaux. Cela représente 10 compétitions prises en compte pour le calcul du classement mondial. Il faut donc bien jouer et de façon régulière tout au long de l’année pour obtenir une bonne place au classement."

 

SA : "Quelle est votre moyenne actuellement ?"

FC : "Il est très difficile de la mesurer précisément. En ce qui concerne les compétitions par équipes en France, en Belgique, en Allemagne et aux Pays-Bas, je suis aux alentours de 2,000 mais si l’on considère tous les matchs dans leur ensemble, je me situe entre 1,850 et 1,900. Tout ceci est vérifiable auprès d’un ami néerlandais qui répertorie mes résultats, il faudrait que je regarde."

 

SA : "C'est évidemment prodigieux de faire ces moyennes à l’année. Quels sont les joueurs qui vous obligent à donner le meilleur de vous-même, ceux qui vous poussent à une concentration optimale de chaque instant ? Avez-vous quelques noms à l’esprit ?"

FC : "Vous savez, en ce moment, les meilleurs joueurs au ranking mondial sont tous très forts, cette base devient de plus en plus forte au fil des ans. Il y a cinq Coréens dans le Top 15, quatre Turcs également très forts. Vous devez faire attention à tous les joueurs. Le jeu est vraiment difficile et la différence de moyenne entre un joueur à 1,400 et un autre à 1,600 est infime au final. La façon dont nous concevons la moyenne n’est pas juste pour comparer des niveaux de jeu. Si l’on utilisait le pourcentage de points réussis, qui est un autre moyen de calcul, on s’apercevrait plus facilement que les niveaux des joueurs sont proches. Si je fais 50% des points et que je joue contre un adversaire plus faible, alors mon pourcentage pourrait grimper à 55% ce qui rend l’écart très faible. C’est juste pour vous dire qu’il y a peu d’écart entre un joueur à 1,900 et un joueur à 1,600. Après c’est l’expérience qui fait la différence. Tout ça pour expliquer qu’il faut se méfier de tout le monde et que, dans un bon jour, tout le monde peut battre tout le monde."

 

SA : "A quel âge avez-vous débuté ?"

FC : "J’ai débuté à 8 ans, il y a donc très longtemps. C’était en 1976, et comme beaucoup de joueurs, avec mon père juste pour essayer. Et quand on essaye une fois, on ne s’arrête plus. Et j’ai continué à jouer, à m’entrainer, à prendre des leçons et à progresser. Vous savez comment ça se passe, le virus vous gagne et on ne peut plus s’en défaire."

 

SA : "Exactement, c’est comme une addiction, n’est-ce-pas ?"

FC : "Exactement."

 

SA : "Quels sont vos points forts, une ou deux choses auxquelles vous pensez ?"

FC : "Difficile de répondre à ça. Je pense que je ne suis pas très fort sur les positions très faciles mais que je suis peut-être plus fort que les autres sur les points de difficulté moyenne. Donc je répondrai mon pourcentage de réussite sur les points de difficulté moyenne, pas les points très difficiles et pas les points très faciles mais le milieu de la gamme. Et c’est vraisemblablement le type de point  que l’on rencontre le plus lors d’une partie. C’est mon point fort et je suis aussi très intuitif, je joue vite et je ne dépense donc pas trop d’énergie et d’influx par rapport aux autres. Je peux enchainer trois ou quatre matchs par jour avec une concentration optimale."

 

SA : "A l’inverse, quels sont vos points faibles ou plutôt le compartiment du jeu qui vous pose le plus de problèmes ?"

FC : "Vous voulez parler de mon propre jeu ? Je ne sais pas vraiment car si je le savais, je pourrais être plus fort … durant ces dernières années, je pense que j’ai réussi à occuper les premières places justement parce que je n’ai pas réellement de moments de faiblesse. Je ne fais plus de mauvaises parties. Même si je suis malade ou peu en forme, je ne descends jamais en-dessous de 1,000 de moyenne, j’arrive maintenant à être régulier à un niveau élevé et c’est un avantage de ne plus faire de mauvaises parties."

 

SA : "Vous voyagez énormément, comment réussissez-vous à gérer tout ces éléments ? Y êtes-vous habitué ? Quel est le secret ?"

FC : "Je pense que vous ne vous y habituez jamais vraiment. Le principal problème d’un joueur de billard est de conserver suffisamment d’énergie et toutes ces contraintes vous en font perdre. Je n’ai pas la capacité, comme d’autres, à pouvoir m’endormir facilement, ne serait-ce que quelques minutes. J’ai besoin de temps pour m’accoutumer, prendre le bon rythme et c’est la raison pour laquelle je prends de la marge avant une compétition."

 

SA : "Dans le même ordre d’idée, avez-vous une préparation spécifique, une routine pour rester en bonne forme ?"

FC : "Je n’ai pas, à proprement parler, de préparation physique spécifique mais je suis quelqu’un de plutôt actif dans ma vie quotidienne. Je reste rarement inactif, assis sur une chaise ou à regarder la télé. J’ai un club qui m’occupe et auquel je consacre du temps. Je pense qu’une activité physique n’est pas forcément nécessaire pour bien jouer à condition d’avoir une vie active."

 

SA : "Que conseilleriez-vous aux joueurs américains pour progresser maintenant que l’Europe domine le 3 Bandes ?"

FC : "L’avantage d’être en Europe est que nous avons de faibles distances à parcourir au contraire des Etats-Unis. Nous pouvons donc nous retrouver fréquemment entre très bons joueurs pour nous rencontrer et disputer des matchs alors que ce n’est pas le cas chez vous. La Belgique est un petit pays et il ne faut guère plus de deux heures pour se rendre dans les pays voisins donc je conseillerais aux Américains d’organiser plus de tournois avec les meilleurs et de s’entrainer ensemble afin d’arriver à une progression commune. C’est la confrontation régulière des meilleurs joueurs entre eux qui peut les faire progresser."

 

SA : "Concernant l’entrainement, suivez-vous un rituel ou un programme précis avant une compétition ?"

FC : "Rien de bien particulier car je suis certainement le joueur qui joue le plus dans l’année avec environ 200 matchs. Je n’ai donc pas de programme établi puisqu’il faut que je sois prêt à n’importe quel moment. Je m’efforce juste de jouer une heure minimum chaque jour pour rester en forme. Je n’ai pas besoin de plus sinon j’arriverai déjà fatigué sur une compétition. J’essaye juste de rester au contact du billard de façon quotidienne."

 

SA : "Ce qui vous rend si fort est, à mon avis, votre force  aux autres modes de jeu ce que j’appelle les « petits » jeux. Prenez-vous du plaisir à jouer au Cadre et à la Bande et quel est votre mode de jeu favori ?"

FC : "Je m’éloigne peu à peu du Cadre car ce jeu nécessite beaucoup d’entrainement pour être performant. J’en joue encore un peu mais je ne m’y entraine plus du tout. J’aime toujours le jeu, bien sûr, mais je n’y jouerai que si je suis performant et c’est quand même difficile de jouer à tout au plus haut niveau. Je vais, petit à petit, me consacrer uniquement au 3 Bandes dans le futur."

 

SA : "Bien, vous arriverez au Carom Café prochainement, que pensez-vous de cet endroit et de New-York en général ?"

FC : "C’est un très bel endroit et nous ne sommes pas habitués à jouer une telle formule puisque, la plupart du temps, nous jouons en élimination directe avec seulement 3 ou 4 matchs lors d’une compétition alors qu’au Carom Café, nous avons la chance de pouvoir jouer beaucoup de matchs. Peu importe le résultat, vous êtes sûr de jouer énormément. L’atmosphère y est particulière grâce aux personnes qui s’y trouvent, grâce aux excellentes tables dont ce club dispose. Ils nettoient le matériel constamment donc les conditions sont toujours réunies et propices à la performance."

 

SA : "Bien, nous avons hâte de vous voir le mois prochain, je voudrais vous remercier pour votre disponibilité. Bon voyage et bonne chance pour le tournoi."

FC : "Ok merci pour votre appel et le bonjour à tous mes fans aux Etats-Unis."

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