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L'arbitre... ou le Maître du jeu (Francis Connesson)

21/11/2017

Publié par jérémie picart

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© © Kozoom

Le petit Larousse nous dit que le mot « arbitre » vient du latin arbiter celui qui « juge »... « Celui qui est choisi pour veiller à la régularité d'épreuves sportives…».

 

Pour le billard français ou billard carambole (ainsi nommé à l'étranger), l'arbitre doit être le maître du jeu et, paradoxalement, il doit perdre son libre arbitre… au profit des règles dans la discipline.

Voyons…

 

L'ETHIQUE  DE  L'ARBITRE : « L'arbitrage est à une partie officielle ce que la santé est à la vie ! » C'est-à-dire que l'arbitre, comme la santé, lorsqu'il est bon ou lorsqu'elle est bonne… passent inaperçus.

 

Au billard carambole cela doit être un « duo » parfait entre le soliste (le joueur) et « l'accompagnateur » (l'arbitre) mais, contrairement à la musique, un accompagnateur sans état d'âme car son « instrument » est la connaissance parfaite du code sportif (pour le plan cérébral) et, surtout, une vue parfaite (pour le plan physique). 

Ainsi, toute règle mal appliquée...par « l'accompagnateur » peut devenir catastrophique pour le bon déroulement d'une partie officielle et, par suite, en modifier l'issue. C'est assez dire l'importance de l'arbitrage donc, de l’arbitre.

 

Toute situation, aussi bien dans la vie, qui réclame de l'autorité entraîne, obligatoirement, un degré de responsabilité. L'arbitre se voit confier l'autorité d'une partie mais, également, sa responsabilité face à l'organisation (le Directeur Sportif). La position de l'arbitre face au public ou aux joueurs est toujours « inconfortable » (dans tous les sens du terme)…

Pourquoi ? Parce que si l'arbitre a bien arbitré ni public, ni joueurs, n'en parleront. Par contre, s'il commet une faute, le public (toujours partial) ne sera pas à même de juger. Pour le joueur, l'arbitre est le « chef » de la partie avec tout ce que cela comporte de craintes ajoutées à celles du trac. Chacun sait que sous la peur l'esprit n'est plus sage ! 

 

Ma longue carrière m'a permis de voir pas mal de fautes d'arbitrage, parfois comiques, souvent tragiques et involontaires. Mais aussi, hélas, pas toujours « anodines ». Ces dernières étant, à mes yeux, de loin les plus graves car remettant en cause la déontologie même de l'arbitre. 

Si le code d'honneur de l'arbitrage n'est pas respecté par l'arbitre, à quoi bon arbitrer ? Puisque, nous le disions précédemment, l'arbitre n'est plébiscité ni par le public, ni par les joueurs. Alors, la seule joie légitimée qu'il puisse en retirer est d'arbitrer en son âme et conscience. C'est, pour moi, l'éthique de l'arbitre que l'on ne pourra confondre avec les « tics » de l'arbitre ! Le joueur et l'arbitre ne doivent jamais oublier ceci : « AVANT de JOUER ou JOUANT le joueur, au billard, est PRIORITAIRE sur l'arbitre. Mais, une fois le point JOUE, c'est l'arbitre qui est PRIORITAIRE au billard pour JUGER le carambolage. 

 

J'avoue être rassuré lorsque je sais que l'arbitre voit bien et, aussi, lorsqu'il se place bien, suivant le mode de jeu, RELATIVEMENT au point et au joueur. Il doit évidemment compter distinctement les points ni trop fort ni trop doux, Il doit contrôler la marque (affichage des points) du début jusqu'à la fin de la partie. Mais, voyons un des plus gros problèmes de l'arbitrage...

 

LE  QUEUTAGE

 

Ouvrons le code sportif national, aux règles d'arbitrage, à l'article 8 : des fautes. Nous lisons à petit "d" : si l'on queute : "Il y a queutage lorsque le procédé "est encore en contact avec la bille du joueur au moment où celle-ci touche une "autre bille ou la bande ou lorsqu'il entre en contact plusieurs fois avec la bille mise "en mouvement." Je ne connais pas l'auteur de ces lignes, je ne sais pas si c'était un bon joueur de billard (français ou étranger !). 

Bref, cet homme a sûrement fait de son mieux. Dans la phrase, citée ci-dessus, nous pouvons nous étonner que les billes ne soient pas numérotées puisque ce règlement s'adresse à des "initiés" ou compétiteurs. 

 

J'ai mis en gras le mot encore qui me semble tombé là comme un cheveu sur la soupe ! En effet, un procédé est en contact ou n'est pas en contact avec une bille 1, mais, comment peut-il être..."encore"...en contact ? 

A mon avis l'auteur a voulu dire "resté" au contact avec la 1, parlant du procédé. Imaginons que l'on applique, au pied de la lettre, ce qui est écrit et prenons deux billes : 1 et 2 distantes de un millimètre. Jouons sur la finesse extrême de la 2 (donc, dans le vide face à cette 2) en touchant, tout simplement, la 1 en son centre. Eh bien ! Au sens "strict" de cet article 8 vous aurez queuté puisque votre procédé sera ENCORE en contact avec la 1 au moment où celle-ci touche la 2 et pour cause… il faut bien que le joueur touche cette 1 pour la mouvoir (heureusement ! Le ridicule ne tue pas).

 

Par contre, ce qui est plus malheureux, c'est que personne ne se soit aperçu de la "dissonance". Cela prouve, justement, que personne n'a réussi, à ce jour, à expliquer le "phénomène scientifique" du queutage. Il peut, nous l'avons vu, être mieux défini - dans le code sportif - mais cela ne résoud pas le problème de l'arbitre de définir, avec certitude, s'il y a queutage ou non ! L'autorité arbitrale ne provient que de la certitude. J'ai entendu, au sein des clubs, sur la question, pas mal de monde s'épancher sur le sujet, chacun - du moins fort au plus fort - lançant sa version avec une autorité "relative" à sa moyenne générale. Il a même été édité un livre (en Belgique ! Je crois) traitant du sujet avec photos à l'appui qui "affirme avec autorité" que dans "tel cas"  le queutage est obligatoire. Ce postulat est obligatoire...ment faux ! Car ce serait le même postulat que de dire, à la libre, avec les billes en lunettes...le point est obligatoirement fait.

 

Un seul cas définit de façon précise le queutage c'est lorsque la 1 et la 2 sont en contact...c'est net et précis. La lecture de ce livre voulait satisfaire ma curiosité sur la question et je pense que cet homme voulait faire, comme l'on dit, oeuvre utile ! Mais ne dit-on pas, aussi, que l'enfer est pavé que de bonnes intentions ? Car bon nombre de joueurs n'ont-ils pas été renvoyés à leur chaise, en championnat, je dirais de manière..."arbitraire" ? (L'arbitre sanctionnant le queutage en son âme et conscience !). 

 

En premier lieu, il est important de comprendre que le "queutage", lui-même, est assujetti à une relativité en rapport "exécution / exécutant" du point suspect. Cette relativité s'exerce sur deux plans : le premier est relatif au mécanisme du joueur, donc de ses possibilités intrinsèques. Le deuxième est un rapport psychologique de personne à personne, en l'occurrence "arbitre / joueur". Ainsi, selon la personnalité billardistique du joueur l'arbitre aura (ne connaissant pas scientifiquement le queutage) un comportement différent (même involontairement), selon que le joueur sera "riche" ou "misérable" en moyenne générale. Le phénomène peut, parfois, s'inverser chez certains arbitres qui mettent, comme un point d'honneur absolu, de compter "faute" à un fort joueur, même s'il n'y a pas l'ombre d'une faute. 

 

Dans un cas comme dans l'autre le problème est "faussé", renvoyant ce "pauvre queutage" au rayon des relations humaines et l'arbitre, comme l'élève Séguédille, dans Topaze, condamné à… l'incertitude ! (car son jugement doit être prompt). C'est à cette fin que j'ai étudié, pour vous, les "causes" qui peuvent approcher ou éloigner du queutage. Comme un dessin vaut mieux qu'un discours... 

 

Il est, impératif, de comprendre que le "phénomène du queutage" obéit scientifiquement à ce que l'on appelle : UN  TEMPS  DE  REPONSE comme ce qui se passe dans un "écho". Le temps de réponse de votre voix est relatif à la distance de la montagne face à vous par la valeur de propagation de la vitesse du son. Ce queutage ou "pousse-tout" va donc être, lui aussi,  relatif à deux paramètres : la distance qui sépare les billes 1 et 2 ou 1 et bande et la vitesse du coup de queue de l'exécutant. Il devient donc très clair que : plus la distance est courte ou infime (zone du temps de réponse) plus la vigilance de l'arbitre doit être "éveillée" mais, évidemment, sans aucun a priori avant l'exécution du point ! Si la zone du temps de réponse n'est pas modifiable par contre le temps de réponse, lui, l'est ! Et fort heureusement pour l'exécutant. 

 

De quelle manière ? Si vous jouez sur une bille (élément dur) ou si vous jouez sur une bande (élément souple) nous avons déjà une différence (à distance égale bien sûr !) au niveau du temps de réponse puisqu'une bille ne s'enfonce pas comme du caoutchouc ! (cf.croquis)

 

                                  

 

Regardez la bille en coupe près de la bande (en coupe, elle aussi) vous avez quatre attaques (horizontales) possibles sur la 1. Prenez le diamètre de cette bille 1 et vous voyez immédiatement que les quatre attaques donnent trois diamètres différents puisque A' et C' sont identiques. Vous comprenez que le diamètre B' constitue le temps de réponse le plus long (ou le moins court dans le cas présent !), à geste égal, pour l'exécutant en jouant bille sur bille (éléments durs) et ce temps augmente très légèrement sur la bande par le temps d'écrasement ou de compression (élément souple). 

 

Certains me diront : " Mais c'est infime !" Ils auront raison, mais je leur rétorquerai : "mais c'est suffisant !". Il faut pas "pousser" tout de même !!! Et, n'oublions jamais de remercier nos dévoués arbitres… en fin de partie (gagnée ou perdue). Car le billard doit rester le sport des "gentlemen" !

 

(Article de Francis Connesson)

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