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La question de l'oeuf ou de la poule au 3 Bandes

27/02/2017

Publié par jérémie picart

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© Kozoom

L’une des choses que je préfère à propos de mon passe-temps sur Facebook (Bert’s Billiard Page) est qu’il arrive que des joueurs me répondent. La semaine dernière, j’ai publié une observation au sujet de la finale de Bursa entre Frédéric Caudron et Dick Jaspers avec Fred dans le rôle principal : 40 à 14 en 7 reprises.

Il s’agissait de la meilleure moyenne de l’histoire en finale de World Cup. J’ai vu le match deux fois : la première fois en Live sur Kozoom et la seconde en replay quelques jours plus tard. Voici ce que j’ai écrit :

"Si vous visionnez la finale de Bursa, repérez combien de fois Caudron choque la bille d’arrivée avec le bon angle qui lui permet d’obtenir un point facile en suivant. Chaque joueur expérimenté de 3 Bandes sait qu’on obtient un point plus facile en carambolant sur le quart de bille (voire plus fin) la bille d’arrivée plutôt que sur le plein.

Et pourtant, aucun des meilleurs mondiaux ne dira qu’il cherche à caramboler de la sorte, ce serait irresponsable, trop risqué, il faut être certain de faire le point.

Voici la question de l’œuf et de la poule qui me revient à l’esprit. Jouent-ils aussi bien parce qu’ils carambolent bien la bille d’arrivée correctement 6 à 7 fois par match ou alors carambolent-ils correctement la bille d’arrivée 6 à 7 fois par match parce qu’ils jouent bien ?"

Le premier à commenter était Frédéric en personne et il l’a fait avec un certain sens de l’humour : « (L’un de mes coéquipiers disait) la raison pour laquelle je carambole correctement la bille d’arrivée plus souvent que les autres est tout simplement parce que je touche la bille d’arrivée plus souvent que les autres. »

Personne ne peut dire le contraire et seul un fou pourrait avvancer que Caudron a de la chance. Cela reviendrait à dire qu’Usain Bolt a eu de la chance sur le 100 mètres car il n’a pas trébuché.

Mais bien que cette réponse soit drôle et intelligente, ma question reste sans réponse. Essaye-t-il de caramboler la bille d’arrivée sur le quart de bille ? Non. Y parvient-il souvent et cela l’aide-t-il à faire de grosses séries ? Oui.

Si vous pensez que l’on peut tout expliquer de manière statistique, la réponse de Fred est adaptée. Plus vous faites des points et plus vous êtes récompensé par de bonnes positions. Mais je pense qu’il y a plus que cela. Il y a même, j’en suis certain, plus que ce que l’œil voit. J’y reviendrai tout à l’heure.

Le deuxième grand joueur à se manifester était Marco Zanetti : "Je pense que certains carambolages sur la bille d’arrivée, chanceux ou pas, sont de plus en plus décisifs au 3 Bandes. Toucher fin la bille d’arrivée ou la manquer d’un cheveu… vous ne pouvez jouer à 3,000 de moyenne sans vent arrière."

Encore une opinion terre-à-terre, un commentaire sensible. Et modeste qui plus est d’un joueur avec une renommée dans le jeu de position qui le caractérise.

Et maintenant, je vais faire l’impensable : pas d’accord avec Zanetti et Caudron !

S’ils tentent de toucher la bille d’arrivée sur le plein, ils y arriveront plus souvent que les autres car leur but, leurs connaissances des lignes d’arrivée et leur mécanique sont beaucoup plus évolués que les nôtres.

Et comme nous le savons maintenant, quand leur feeling sur la table est bon, nous constatons qu’ils carambolent avantageusement la bille d’arrivée très souvent et même sur le bon côté de celle-ci.

Voici mon début d’explication. Quand un joueur de classe mondiale se positionne pour un 5 Bandes avec une arrivée grosse sur la 3, il sait d’avance qu’il va faire le point. Il n’y a aucune crainte sur le coup de queue. Son esprit est libre de toutes questions et de choix à faire. Il sait qu’il n’y a pas de contre, il sait qu’il ne peut pas rater. Il est libre d’aller du conscient au subconscient et de se mettre en position de telle manière qu’il sente le coup.

Et pourquoi ça ? Car il a joué ce type de coups 10000 fois, il a un instinct pour les coups qui peuvent apporter du jeu et pour ceux qui n’en apportent pas. Sans faire des mathématiques, sans regarder les repères sur la table, il touchera 27.9 mm sur la bille numéro 2. Et bien sûr qu’il aurait fait le point en touchant 27.7 mm. Mais il sent que ce n’est pas ça car sinon il touchera la bille d’arrivée sur le plein.

Si vous jouez au 3 Bandes de façon cérébrale, vous pouvez atteindre un niveau respectable. Vous serez capable de dire : je dois toucher demi-bille, je dois aller sur le troisième diamant. Mais la véritable précision ne se situe pas là, ce n’est pas dans ce monde que vit Caudron quand il fait 7 reprises en finale de Bursa contre Jaspers en finale de World Cup.

Si votre concentration est suffisante pour sentir la table, si votre coup de queue est délié, si votre confiance est assez profonde, si vous laissez de côté votre hémisphère cérébral gauche délaissant la peur de manquer au profit de la joie de bien jouer, c’est là que vous commencez à toucher la bille d’arrivée sur le bon côté.

Dans vos bons jours, ça se passe comme ça. Et même Fred n’a pas que des bons jours.

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