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Le Cho-Sayginer était-il un record ?

06/10/2019

Publié par jérémie picart

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© © Kozoom

Oublions une minute les meilleurs joueurs mondiaux et pensons à notre propre jeu. Vous n’avez probablement jamais fait la série de 20, peu de joueurs y parviennent. Si vous arrivez de temps en temps à 13 ou 14, vous êtes un très bon joueur. La majeure partie de la communauté du billard doit se contenter de 5 ou 6, peut-être même parfois 9. Et ce n’est pas un problème, pour chaque niveau correspond une série.

 

Les joueurs ne font pas tous de grosses séries proportionnelles à leur moyenne. Certains sont plus doués dans cet exercice que d’autres à moyennes à peu près équivalentes. Nous connaissons tous ce gars qui "ne peut parfois pas rater". Certains jours, il ressemble à un joueur valant 0,900 alors qu’il vaut en réalité 0,650. Mais n’oublions pas qu’il joue aussi des parties à 0,500 sinon il n’en serait pas à 0,650.

 

Comparons deux types de joueurs. J’exagère volontairement pour faire passer mon idée. Notre joueur A a des feuilles de match de cette nature : 0-1-0-0-0-8-0-0-1-0-0-0. Notre joueur B a des feuilles de type : 2-0-0-1-0-2-3-0-1-0-1-0. Tous deux ont fait 10 points en 12 reprises et nous conclurons que leur niveau est identique. Mais quelle est la différence ?

 

S'il ne s’agit pas d’un exemple isolé mais de leur façon habituelle de marquer, cela en dit long sur leur jeu respectif. Le joueur A doit améliorer ses compétences de résolution de problèmes. Il est trop facile pour ses adversaires de le faire rater. Mais ensuite, quand il contrôle les billes, il est dangereux. Il semblerait qu’il joue intelligemment les points faciles. Le joueur B est tout le contraire. Il est difficile de défendre contre lui, il continue à marquer peu importe ce que vous lui laissez. Mais il semble incapable de tirer profit des bonnes opportunités. Il joue les coups difficiles relativement mieux que les coups faciles.

 

Quelle compétence est la plus enviable, joueur A ou joueur B ? La réponse dépend totalement du niveau de jeu. Nous devons toujours garder à l’esprit que plus le niveau de jeu est faible plus l'importance de la défense est grande. Pourquoi ? Si vous valez 0,666 (disons 40 points en 60 reprises), votre adversaire est celui qui vous offre le plus d’ouvertures (points faciles). Si vous valez 1,500 (60 points en 40 reprises), c’est VOUS qui vous mettez le plus d’ouvertures. Par conséquent, dans le jeu de Joe, l’adversaire a une importance cruciale, le jeu tourne autour des positions laissées par l’adversaire. Par contre, dans le jeu de Cho, le jeu n’est qu'une question de séries.

 

C’est la courbe d’apprentissage de chaque joueur de 3 Bandes. Ne passez pas tout votre temps à réussir les points compliqués ou à briser les défenses adverses. De toutes façons, cela ne marchera pas et vous investirez 1000 euros pour gagner 30 centimes. Ce qui marche, c’est d’apprendre à transformer vos séries de 3 en séries de 5, vos 6 en dizaines. En d’autres termes, consacrez du temps et de l’énergie à la façon correcte de jouer les coups faciles et semi-difficiles.

 

La beauté d’une série de 3 Bandes réside dans le fait que celui qui est assis ne compte plus. Vous pouvez jouer contre votre tante Jemina ou contre l’intimidant Dani Sanchez, tant que vous continuerez à jouer, cela ne fera aucune différence, ils ne peuvent rien faire. Et rappelez-vous : essayez toujours de terminer votre série par un coup défensif. Vous faites 7, votre adversaire répond par 6 ? Je parie que c’est lui qui se sent le mieux après cette reprise. Il vaut mieux en faire 4 et qu’il rate derrière.

 

Voici quelques exemples de matchs qui restent dans nos mémoires uniquement en raison d’une ou de plusieurs séries réalisées par un ou par les deux joueurs :

 

- Une série de 7 n’a rien de spécial à l’international. Mais 5 séries de 7 dans un seul match ? Zanetti/Caudron en championnat d’Europe 2017 : score final 40 à 14 en 11.

 

- Le Belge Steven van Acker n’oubliera jamais ce match : il bat Eddy Leppens 50 à 20 en 16 reprises et ses quatre dernières visites à la table : 12-0-5-19.

 

- Quelques joueurs ont réussi trois séries de 10 ou plus sur un même match : 10-10-10 par Raimond Burgman et Eddy Leppens, 11-11-11 par Sang Lee, 10-11-12 par Forthomme et Caudron, 10-10-14 par Sanchez et Zanetti. Et que dire de celui-ci : Anno de Kleine (NL) a fait 50 en 9 contre Jean van Erp avec 12 à la 1ère reprise, 16 au milieu et 12 sur la dernière reprise !

 

- Blomdahl a battu Nguyen Quoc Nguyen 40 à 5 en 8 à la LG U+ Cup 2017 en terminant par 7-9-18.

 

- Les feux d’artifice à deux séries ? Il y en a beaucoup. Je ne citerai que ceux dont le total est supérieur à 30 (et je sais que j’en oublierai plusieurs, ma mémoire n’est plus ce qu’elle était). Le grand Murat Naci Coklu a fait deux fois 15 sur un même match. C’était en 2015 bien sûr. Dick Jaspers a réussi 22 et 10 dans le même match et il a perdu contre Caudron ! Le Néerlandais a aussi fait 22 et 11battant Efler lors du record du monde de 40 points en 4 reprises. Nelin a fait 22 et 12 en battant Philipoom 50 à 16 en 11 en 2000. Chaudron a réussi 21 et 14 lors de sa victoire contre Klompenhouwer en 2016, 50 à 12 en 12. Un autre de Jaspers : 17 et 18 en battant Horn en 2003, 50 à 13 en 12. Et Philipoom qui bat Bart Ceulemans avec style en 2013, 50 à 15 en 10. Jef termine le match sur 17-1-18 !! Le champion du monde et d’Europe 1995 est un spécialiste des séries longues et du jeu de positions.

 

- Egalement dans cette catégorie : le Turc Tayfun Tasdemir qui a réussi plusieurs séries supérieures à 30 à l’entrainement.

 

- Tant que j’invente des catégories : qui diriez-vous de ce récent et merveilleux match entre Jae-Ho Cho et Semih Sayginer ? Cho démarre sur 10 et Sayginer répond par 19. 29 points entre les deux joueurs sur une même reprise, c’est pas mal. Puis ensuite en championnat français en 2010 : Caudron marque 25 et termine contre Martin Spoormans. L’arbitre expérimenté, joueur de 3 Bandes et de Snooker égalise sur 11 pour un total de 36 points sur une même reprise.

 

Pourquoi continue-t-on à dire que c’est un jeu difficile ?


 

(Traduction de l'article de Bert van Manen en langue anglaise)

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