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Le contre qui ne fait pas plaisir

11/10/2016

Publié par jérémie picart

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© Kozoom

Jan Carl, collectionneur de tant d’enregistrements de matchs joués au Carom Cafe, est aussi un fin commentateur. Il a souvent un joueur expert du jeu assis à côté de lui (Min Jae Pak, Ira Lee, Robert Raiford) et sa phrase de fin est toujours la même :

« This is Jan Carl signing off, hoping your next kiss has nothing to do with billiards. »

(Ce fameux « Kiss » désignant en langue anglaise la « bosse » ou le « contre » en français)

Comme il a raison. Peu de choses nous déplaisent autant qu’un « apparent » excellent coup ruiné par une bosse.

« Oh nom de Dieu, j’avais pourtant tout bien fait cette fois. »

Eh bien non.

«  Pourquoi c’est arrivé ? »

Parce que vous l’avez provoqué.

Une bosse peut être très contrariante mais ce n’est pas de la malchance. C’est dû, la plupart du temps, à un mauvais coup joué. Si votre niveau se situe entre 0,400 et 0,700 alors vous êtes en mesure de déceler un contre éventuel ou un danger de contre assez souvent. Disons la moitié du temps. Le joueur valant 1,000 de moyenne le sentira 8 fois sur 10. Les meilleurs mondiaux se reprochent toujours d’avoir eu un contre et considèrent rarement une bosse comme quelque chose de malchanceux ou d’imprévisible.

Voici quelques coups typiques que vous reconnaitrez sûrement et rappelez-vous bien les fois où vous avez ignoré les signaux avant-coureurs d’un contre.

                              

Dans ce premier diagramme, vous détestez tout ce qui pourrait se jouer sur la rouge. Donc vous vous tournez vers la jaune (Petite-Grande-Petite) pour atteindre la zone centrale de la grande bande où se trouve la rouge. Vous savez que votre bille prendra un peu d’effet naturel qui risquerait d’être trop court alors vous donnez le coup sans effet voire avec un soupçon d’effet contraire. Vous êtes satisfait de votre parcours, il se dirige droit vers la rouge sauf si la jaune y arrive avant vous.

                              

Dans le deuxième schéma, vous aimeriez jouer le 4 Bandes autour de la table. Mais parviendrez-vous à la raccourcir suffisamment ? Vous vous préparez donc à jouer le 5 ou 6 Bandes car la touche est si facile et la bille d’arrivée assez grosse. La rouge fera un aller retour le long de la petite bande et arrivera dans le coin de la jaune vous rappelant peut-être quel idiot vous êtes.

                              

Le troisième exemple est pratiquement inratable avec votre bille blanche décollée de 2 centimètres de la bande ou 2 centimètres à droite. Là, vous sentez que vous pourriez être trop court sur un Grande-Petite-Grande en 3 Bandes et qu’il serait plus naturel de le jouer en 5 Bandes (Grande-Petite-Grande-Petite-Grande). En effet, vous avez raison mais votre parcours en 5 Bandes correspond aussi à celui de la jaune en 3 Bandes, ces deux trajets se rejoignant sur la rouge. Et la rouge ne sera plus là le temps que vous y arriviez.

Malheureusement, je n’ai pas de solution ni même de conseil pour ces trois problèmes évoqués. Quelques millimètres par ci ou par là tout comme le rendement de la table déterminent ce que vous avez à faire pour éviter les déconvenues d’une bosse.

La seule chose que je peux vous dire est celle-ci : ne faites pas ce que j’ai fait pendant 35 ans. J’avais peu d’expérience concernant ce genre de points mais je me considérais un  peu comme un expert quand il fallait les jouer malgré le risque de contre que je minimisais. C’est un peu comme mes aptitudes informatiques : un site refuse mon mot de passe alors je réessaye de nouveau le même mot de passe. Vous voyez ce que j’insinue ?

Votre priorité doit être celle-ci : quand vous sentez un danger de contre, croyez votre voix intérieure. Le danger est réel, vos alertes ne se déclenchent pas sans raison. Alors le point que vous allez jouer n’est pas un point facile même s’il en a l’air. Prenez une décision. Visualisez le parcours, pas seulement celui de votre bille mais aussi celui de la bille numéro 2. Et regardez si vous avez des options. Pouvez-vous raccourcir ou allonger le coup avec la vitesse ? Un coup de queue court ou allongé apporterait-il une aide ? Essayez plusieurs choses et discutez de la position avec un meilleur que vous la fois prochaine.

Pour finir, un dernier conseil pour les connaisseurs. Certains problèmes ne peuvent être résolus que si vous restez tout proche de la bosse ! Si vous vous refusez à l’admettre, vous ne progresserez pas énormément sur cet aspect. Evitez le contre de quelques millimètres ou de quelques dixièmes de seconde est parfois la seule solution.

Lors du pentathlon par équipe nationale d’Amersfoort en 1981, Raymond Ceulemans se préparait à jouer un coup de ce type. Il s’apprêtait à le jouer quand un spectateur à grosse voix s’adressait à son voisin en disant : « Il y a un contre ! » Ceulemans regarde alors par-dessus son épaule sans savoir qui avait parlé et dit alors : « Pas quand c’est moi qui joue. »

Inutile de vous raconter la suite, n’est-ce pas ?

 

(Article de Bert van Manen traduit de sa version en langue anglaise)

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