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Le mystère de la Belgique

13/12/2017

Publié par jérémie picart

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© © Kozoom

Imaginons que vous êtes passionné de 3 Bandes provenant du Qatar, d’Ouzbékistan, de Nouvelle Zélande ou du Ghana. Vous assistez à la World Cup d’El Gouna et vous êtes impressionné par la qualité de jeu des joueurs belges. La Belgique produit le lauréat de l’épreuve (Merckx) mais aussi le deuxième (Forthomme) et le numéro 1 mondial et Champion du monde en titre (Caudron).

 

Peut-être envisagiez-vous de créer une fédération nationale de billard dans votre pays, de faire une demande d’adhésion à l’UMB, de populariser ce sport ou d’intéresser les jeunes joueurs ?

Si c’est le cas alors vous iriez forcément chercher à copier le modèle belge. Ils doivent bien s'y prendre puisqu’ils possèdent les meilleurs joueurs du monde.

 

Il ne fait aucun doute dans votre esprit que la Belgique dispose d’une communauté du billard dynamique, en pleine croissance et organisée, structurée par une fédération professionnelle et transparente. Bruxelles et Anvers doivent avoir des dizaines de salles de billard pour rivaliser avec Séoul. Des centaines de talents provenant de Gand, Liège, Louvain ou Charleroi sont pressentis pour succéder aux Dielis, Ceulemans ou Leppens.

 

Nous ne vous blâmerons pas si c’est ce que vous pensez. Mais vous vous trompez. Le billard en Belgique décline, il est en difficulté.

 

Le nombre de joueurs ? Sur la pente descendante. L’âge moyen ? En hausse (ce n’est pas beaucoup mieux dans le pays voisin néerlandais).

 

Les salles de billard ? Aucune ne prospère, certaines parviennent à rester ouvertes, certaines ferment. Aucun nouveau lieu ne s’ouvre.

 

Les jeunes talents ? Une demi-douzaine peut-être. Aucun qui puisse apparaître dans le tableau final d’une World Cup de sitôt.

 

Une fédération efficace et transparente ? Oh mon Dieu, non. Le conseil d’administration de la KBBB a longtemps été un panier de crabes où les combats internes, les coups bas et les querelles personnelles ont pris le dessus sur le sport. Les gestionnaires compétents ont été écartés. L’an dernier, un conseil électoral contesté a tellement dérapé qu’il a été question d’abolir la fédération. Quant à la transparence, il n’y en a pas. Tout se décide dans une arrière-salle et les votes sont généralement convenus à l’avance. C’est un miracle que les volontaires locaux (qui font réellement le travail) aient pu maintenir la KBBB à flot.

 

Alors est-ce que tout est à jeter ? Sûrement pas. Jouer au billard en Belgique peut être une joie. Le public est presque toujours un public de connaisseur impartial et juste, l’atmosphère est détendue, la qualité de jeu élevée. Ce n’est guère surprenant étant donné la place de ce pays dans l’histoire du billard. Thimble, Ceulemans, Wafflard, Schrauwen, Dielis, difficile de faire mieux et ils ont eu des dizaines d’années pour diffuser une mine de connaissances à travers le pays.

 

Et la Belgique ne repose pas que sur son Big Four (Caudron, Merckx, Leppens, Forthomme). Il existe un second échelon solide avec des joueurs comme Peter Ceulemans, Jef Philipoom, Peter de Backer, Davy van Havere, Steven van Acker, Wesley de Jaeger et bien d’autres. Ca, c’est juste la partie 3 Bandes. Il y a aussi beaucoup de qualité dans les disciplines classiques avec notamment le spécialiste du cadre Patrick Niessen comme porte-drapeau.

 

Tout le monde n’est pas pessimiste. Prenez Kurt Ceulemans par exemple (l’oncle de Peter et le fils de Raymond). Son attitude entrepreneuriale, une mentalité dynamique et une World Cup à venir à Blankenberge en 2018. J’ai le sentiment que ce sera un merveilleux événement qui rendra fière la Belgique.

 

Alors voilà, la Belgique est une énigme, un mystère. C’est un pays Dr Jekyll et Mr Hyde quand il s’agit de billard. Un passé impressionnant et un futur incertain. Des joueurs fantastiques, des organisations de mauvaise qualité. Un mélange de professionnalisme et d’amateurisme, des handicaps étranges, des règles de promotion et de rétrogradation défiant toute logique, un site web tragiquement dépassé et certaines des meilleures marques de billard au monde (Gabriels, Verhoeven).

 

En 2010 et 2011, croyez-le ou non, les Belges n’ont plus eu de gouvernement durant 541 jours. Les partis politiques étaient incapables de former une coalition, le pays était paralysé essentiellement dirigé par ses fonctionnaires. Mais les trains continuaient de rouler, les ordures étaient ramassées, les téléphones fonctionnaient. Les Belges ont le talent de ne pas se plaindre des choses qu’ils ne peuvent pas changer. Ils ne cèdent pas à la panique, ils vont tranquillement s’acquitter de leur labeur et quand ils veulent quelque chose, ils y vont franco en y plantant leurs crocs tels des pitbulls. Justement comme leurs joueurs.

 

(Traduction de l'article de Bert van Manen en langue anglaise)

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