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Les joyaux de la couronne néerlandaise ont-ils besoin de polish ?

03/11/2017

Publié par jérémie picart

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© © Kozoom

Je me posais une question simple pour un avenir meilleur. Quels sont les joyaux de la couronne néerlandaise au 3 Bandes ? Nous en avons trois :

 

- Dick Jaspers. Notre meilleur joueur de l’histoire, 22 World Cups, 3 titres de Champion du monde, 4 titres de Champion d’Europe, vainqueur de 56 Grand Prix, recordman de toutes les performances imaginables aux Pays-Bas et il aime ingurgiter une banane avant chaque match. Dick est le professionnel ultime, il est dans une classe à part.

 

- Notre championnat. La première ligue par équipe à s’ouvrir aux joueurs étrangers, le championnat le plus relevé depuis près de 20 ans. Blomdahl, Ceulemans, Sanchez, Zanetti, Merckx, Komori, Caudron, Nelin, Carlsen, Tasdemir, Coklu, Cor, Leppens, Forthomme. Chaque joueur de classe mondiale a passé au moins quelques saisons dans notre ligue et cette  rude compétition a contribué à renforcer nombre de joueurs européens.

 

- Notre tournoi Masters. Le meilleur événement de l’année sur le sol néerlandais en ce qui me concerne. Une tradition qui débute en 1987 avec Arie Weijenburg remportant les deux premières éditions. Depuis, c’est un grand bol de soupe à la Jaspers avec quelques boulettes de viande à la Burgman et De Bruijn (et les uniques vainqueurs comme Arnoults, van Kuyk et van Erp). Les années Veghel sont inoubliables, quelques organisations désastreuses à Nijverdal, laissons-les de côté et une deuxième enfance à Berlicum qui ravit tout le monde.

 

Les Masters 2018 se profilent et j’espère qu’ils seront aussi réussis que les années 2016 et 2017. L’organisateur B.E.N Foundation sait ce qu’il fait, l’ambiance au De Dursherd est géniale, tout ira bien. Mais il y a quelque chose d’inquiétant.

Les joueurs néerlandais n’ont pas fait assez de progrès.

 

Ne vous méprenez pas : je suis excité de voir van Kuyk finir sur 25 arrêtés, ravi par ce qui arrive de nulle part comme les 40 en 11 de Demming, le 40 en 10 de Valentijn, le Youtube de van der Spoel, Hofman finissant sur 17. Personne n’aime ça autant que moi et Dave, Barry, Jean, Therese et Glenn ont mon soutien partout où ils se produisent.

 

Mais je suis un homme de chiffres et ceux-ci ne sont pas bons. Consultez les moyennes aux Masters :

 

2017 : 1,183

2016 : 1,187

2015 : 1,160

2014 : 1,231

2013 : 1,129

2012 : 1,246

 

Et pour revenir plus en arrière à Veghel :

 

2005 : 1,223

2004 : 1,234

2003 : 1,242

 

Ces 10 dernières années, les Vietnamiens et les Turcs ont transformé leurs joueurs à 0,800/0,900 en joueurs à 1,400/1,500. Les Coréens sont passés de 1,100 à 1,600 voire 1,800. Et nos fabuleux Masters, entre 2003 et 2017, n’ont pas progressé du tout.

 

Y a-t-il une explication à cela ? Oui, mais c’est difficile à dire et pas très plaisant à entendre. Vous pouvez faire la politique de l’autruche et dire : « Ces joueurs étrangers dans nos ligues empêchent nos jeunes talents de se développer. » Mais c’est une excuse boiteuse digne de politiciens de troisième ordre. Les quelques talents néerlandais que nous possédons (dans la catégorie 0,600/0,900, je n’en connais pas d’autres) devraient perfectionner leurs compétences et aiguiser leurs dents dans une division inférieure en jouant des adversaires à leur moyenne. Ils ne prendront pas, en claquant des doigts, trois dixièmes dans la division la plus élevée. Perdre 40 à 7 six fois d’affilée ne vous bonifie pas, cela vous brise.

 

Ces joueurs étrangers en ligue néerlandaise ne sont pas « trop bon marché ». Ces joueurs néerlandais sont trop chers.

 

Nous sommes un groupe gâté. Et quand je dis nous, je ne parle pas des meilleurs évidemment. Ce sont eux, les professionnels, qui valent de l’argent quand ils se produisent. Mais pourquoi payer un troisième ou un quatrième joueur local 100 euros par match ? Il n’y a aucun retour sur investissement dans ce cas-là, il ne va pas vous faire vendre 20 boissons en plus du seul fait de sa présence. Ce que vous payez, c’est que votre équipe finisse 4ème au lieu de 7ème à la fin de la saison. Si ça vaut le coup, d’accord mais l’argent est parti.

 

Les « salaires » des joueurs ne sont pas de l’argent gagné par eux mais de l’argent qui leur est donné. Cette culture a pris naissance dans les années 90. Les grosses équipes comme Minkels Products, TAS/ISMS, van Wanrooij et Crystal Kelly étaient riches voire très riches et elles étaient toutes à la recherche des meilleurs joueurs. Très vite, les joueurs moins en vue pensaient : « S’il vaut 500 euros par match alors j’en vaut 200 au moins. »

En quelques années, une économie du billard a vu le jour pendant laquelle des dizaines de joueurs ont été indemnisés. Pas pour faire n’importe quel travail, juste parce qu’ils étaient bons au billard. Ce train de pensée persiste jusqu’à ce jour. Les joueurs pensent : « J’ai une moyenne de X ce qui signifie que j’ai le droit à un salaire Y. » Cette interprétation est compréhensible mais incorrecte.

 

Je ne blâme aucun de mes collègues pour ces avantages. Mais j’espère qu’ils réalisent, surtout les plus jeunes, ceux qui sont plus talentueux que jamais, qu'ils ne réussiront qu'à la condition d'avoir une ambition dévorante. 

Ce genre d’ambition que possèdent les Turcs qui viennent jouer chez nous aux Pays-Bas à petit prix. Ils veulent acquérir de l’expérience, ils veulent apprendre et grandir, c’est bien plus important pour eux que d'estimer la différence qui existe entre 50 et 100 euros.

Ce type d’ambition qu’ont les Vietnamiens qui dépensent parfois trois mois de salaire pour participer à une World Cup.

 

« Je ne vais pas jouer cette World Cup car je ne suis pas en mesure d’y gagner de l’argent. » disent les joueurs néerlandais.

 

L’ambition signifie plusieurs choses : cela veut dire que vous avez un rêve, cela signifie que vous allez investir et oublier le court terme, que vous êtes prêt à vous sacrifier, à accepter la douleur.

 

Ce qui, d’une manière peu flatteuse, a exposé au moins une partie du problème. Nous sommes des compteurs de haricots plus que nous sommes des sportifs.

 

(Traduit de l’article en langue anglaise de Bert van Manen)

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