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On augmente ou on baisse le volume ?

19/04/2016

Publié par jérémie picart

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© Kozoom

Nul besoin d’être un expert en politique pour s’apercevoir que les plus brillants esprits ne se trouvent ni à l’extrême droite ni à l’extrême gauche. Chacun de ces deux camps ignorent les arguments du camp opposé ce qui crée les problèmes alors que nous avons besoin de solutions. Penser noir ou blanc est aisé, cela demande des efforts de concevoir des nuances.

Ce n’est pas très différent du débat très ancien concernant la musique ou plutôt un fond musical au billard en compétition. Les âmes simples sont entièrement pour ou entièrement contre. Nous les nommerons le Service du Mémorial d’Eglise et le Carnaval de Rio.

Les adeptes du silence sont mécontents sur chaque froissement d’emballage de papier bonbon, sur chaque chuchotement ou sur chaque chaise qui frotte le parquet. La concentration des joueurs est sacrée, le public doit se faire invisible et silencieux. En résumé, si vous avez un rhume, restez chez vous à la maison. Si votre téléphone sonne, vous allez vous faire fusiller du regard. Nous souhaitons une entière et solennelle attention sur notre difficile et sérieux jeu qu’est le 3 Bandes.

Le public pense que le silence dans les tribunes nuit au sport, fait fuir les spectateurs. Les joueurs ne doivent pas se comporter comme des « Sissi », la concentration est propre à chacun. Un peu de musique festive pendant les matchs permettra d’améliorer l’ambiance et si elle est assez forte, vous ne serez même plus gênés par les gens qui parlent. Gagnant-gagnant, non ? Nous voulons une salle pleine de spectateurs qui parlent, qui rient, qui se désaltèrent car la caisse enregistreuse doit avoir le dernier mot.

La vérité se situe probablement entre les deux comme souvent. Un silence de cathédrale pendant deux heures est une ineptie en 2016. La jeune génération a la durée d’attention d’un écureuil. Mais la musique forte est cependant en conflit avec l’essence du billard comme elle l’a toujours été.

La concentration nécessaire à un joueur de 3 Bandes est différente de celle requise par un joueur de fléchettes ou un joueur d’échecs. Les premiers aiment les chaudrons et les seconds un silence de mort. Une tâche est presque uniquement physique et l’autre cérébrale. Nous les joueurs de billard, nous sommes des hybrides : nous avons besoin d’une série de décisions intelligentes puis d’exécuter nos actions dans les 40 secondes. Il est difficile de conserver ces deux moteurs en synchronisation et la dernière chose dont nous ayons besoin est une distraction.

La musique (si tout va bien) peut être un excellent outil pour éviter les distractions. Elle peut couvrir les conversations du public, le personnel peut amener des boissons et débarrasser les verres sans perturber le jeu. Un bruit ambiant est comme un tapis et ce revêtement est bien meilleur pour le billard qu’un plancher en bois. Ou le silence.

La musique (si elle est utilisée maladroitement) peut être une distraction majeure. Une musique inadaptée ou trop forte peut être un frein à la concentration.

- De quelle intensité sonore avons-nous alors besoin au billard ?

Les salles sont toutes différentes, l’acoustique joue son rôle alors des essais sont nécessaires. Une bonne règle de base serait que le volume soit suffisamment faible pour que les arbitres restent audibles du public et suffisamment élevé pour que les conversations des spectateurs ne puissent être suivies par les joueurs. Le volume sonore de la musique, en quelque sorte, est aussi le volume sonore du public. Plus vous ferez baisser le volume et plus vous exigerez que le public suive cette baisse. Plus la musique sera forte et plus vous donnerez de la liberté à l’audience. Et ils seront toujours preneurs.

 

- Quelle type de musique est impropre comme toile de fond sonore au billard ?

Beaucoup en fait. La règle de base : tout ce qui exige une attention immédiate est inadapté. Cela n’a rien à voir avec la qualité de la musique. Vous ne regardez pas un Salvator Dali en couleurs vives mais vous avez besoin d’un fond d’écran. Donc, le Jazz, la Musique Classique, la House, le Rap, le Heavy Metal, le Hiphop, le Reggae sont trop spécifiques visant une partie de l’auditoire trop faible. On ne va pas plaire à 12 personnes et en ennuyer 88. Qu’est-ce qui fonctionne ? De la musique facile à écouter, middle-aged, pas trop récente qui puisse facilement être ignorée ou oubliée par tous et en même temps faire son job.

 

- Tous les autres pièges ?

Oui. Les salles ont souvent un catalogue limité de chansons numériques et même la plus jolie chanson peut vite être ennuyeuse si vous l’entendez pour la sixième fois ce jour-là. Donc si vous avez un tournoi sur 4 jours, ne pas essayer de faire une boucle de 3 heures de musique.

 

- La radio est-elle une bonne alternative si vous trouvez la bonne station ?

Non. Les nouveaux bulletins deux ou trois fois par heure sont une mauvaise distraction. Les mots parlés le sont toujours. Mais plus important encore, les spots radios huit fois par heure sont ennuyeux au enième degré, un crime contre l’humanité.

 

Les temps ont changé et les meilleurs mondiaux d’aujourd’hui ont la peau plus épaisse que ceux d’il y a 30 ans. La récente LG Cup en Corée du Sud s’est jouée au milieu d’un centre commercial de Séoul. Il était bruyant, les foules allaient et venaient mais Kang, Caudron, Jaspers et Blomdahl ont fait avec et ont bien joué.

L’athlétisme nous a appris qu’un marathonien vainqueur franchit habituellement la ligne d’arrivée avec un grand sourire et que les suivants, 2ème et 3ème, sont plus morts que vivants quand ils terminent. Les vainqueurs de World Cup qui font 40 points en 18 reprises en finale ne sont jamais gênés par la musique. Là vous y êtes : c’est une autre force chez eux, une faiblesse de moins.

(Traduit de la version en langue anglaise de Bert van Manen)

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