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Pourquoi les femmes ne rattrapent pas les hommes ?

03/07/2016

Publié par jérémie picart

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© Kozoom

Il n’y a pas à chercher très loin la raison pour laquelle les femmes n’atteignent pas les moyennes des hommes au 3 Bandes. Le désavantage historique est énorme et le nombre de joueuses est si faible que ces statistiques parlent d’elles mêmes.

Alors je n’ai pas de souci avec ce fossé séparant Caudron et Jaspers d’un côté à Hida et Klompenhouwer de l’autre. Orie et Therese sont de grandes championnes et elles peuvent fières de leurs titres.

Mais deux choses m’inquiètent quand il s’agit de nos féminines. La première question est : où est le deuxième échelon ?

DJ, TB et FC nous offrent des performances de haut vol à chacune de leur apparition ou presque. Il y a une demi-douzaine d’autres joueurs aussi forts qu’eux et une trentaine capables de les battre de temps en temps. C’est ce qui rend le circuit mondial des World Cups si fascinant aujourd’hui. Même le meilleur mondial peut perdre dès le premier tour.

Il n’y a rien de tel chez les féminines au 3 Bandes. L’écart entre Klompenhouwer et Higashiuchi, Pheavy, Jetten, Hayashi ou Degener est trois fois plus important qu’entre FC et Zanetti, Merckx ou Sanchez.

L’Asie cependant ne possède en ses rangs qu’Orie Hida au dessus de 0,900 puis cinq joueuses maxi autour de 0,700. En Europe, c’est encore plus faible avec Karina Jetten (autour de 0,800), Gülsen Degener vers 0,700 et les autres Belges ou Néerlandaises vers 0,600. Personne que je connaisse en France, Danemark, Espagne, Allemagne ou Autriche. La Turquie semble être le seul espoir.

Encore une fois, cela contribue à ce désavantage historique et admettre que cela évoluera avec le temps. Mais quand on compare le billard à d’autres sports où la femme doit s’émanciper, la situation devient alors plus inquiétante.

Cela m’amène à la seconde question : Pourquoi n’arrivent-elles pas à combler l’écart ?

Il y a cinquante ans, le marathon n’était couru que par des hommes. Le record féminin en 1964 était de 3 heures et 27 minutes. Il est tombé à 2h55 en 1971, 2h32 en 1978 et Paula Radcliffe a fait ensuite 2h15 en 2003. Les hommes sont toujours plus rapides en 2h03 mais l’écart s’est considérablement réduit avec le temps. Ce qu’il reste est une différence physique logique. On peut donc considérer que les 2h15 de Radcliffe sont aussi extraordinaires que les 2h02’57’’ de Dennis Kimetto.

Il est possible que la comparaison ne fonctionne pas mais je me demande pourquoi les féminines ne pourraient pas opérer la même progression au billard qu’en athlétisme. Les 1,100 de Therese ne peuvent pas être comparés aux 2,200 de Caudron alors que Radcliffe peut être comparée à Kimetto ou que Serena Williams le serait avec Djokovik.

Auparavant, les billards étaient principalement situés dans des bars où les femmes ne trouvaient pas forcément leurs places : commentaires inappropriés, conseils douteux… on peut l’expliquer de manière sociologique ou philosophique ou juste admettre que les hommes sont des porcs. Le cadre d’exploration du billard pour les femmes n’était donc pas propice mais il l’est aujourd’hui.

Les féminines motivées peuvent développer leurs aptitudes sans obstacle maintenant. Les tables sont là, sans fumée parasite, dans des lieux sans alcool. La connaissance est accessible gratuitement, en ligne mais les moyennes sont celles d’il y a trente ans à quelques exceptions près.

Par décision de la CEB, il n’y a plus de titre européen à glaner pour Therese à Brandenburg. L’alternative, la Ladies Cup, s’est jouée récemment à Rosmalen. Klompenhouwer s’est imposée facilement à 1,107 et viennent ensuite Degener à 0,685, Jetten à 0,608, Karakasli à 0,519, Mortensen à 0,534, Fendi à 0,529, Wilkowski à 0,523, van Dansik à 0,294… voilà pour le Top 8 en europe. Ce n’est pas très bon.

Croyez-moi, je ne souhaite rien de mieux que de terminer cet article sur une note optimiste. Mais je ne peux pas. Je ne vois pas le niveau des filles progresser dans les dix prochaines années ou du moins pas en Europe. Le nombre de filles est tout simplement trop faible.

Dans 5 à 7 ans, il y aura 25 à 35 joueuses en Corée du Sud, au Japon, au Vietnam capable de jouer à 0,800 voire à 1,000 pour certaines je l’espère. Srong Pheavy est évidemment la candidate numéro 1, elle est jeune, elle a d’excellentes bases et elle est très motivée. Hida sera toujours là et Nishimoto peut progresser.

Et l’Europe ? Je ne vois personne capable de rivaliser avec Therese dans les années à venir. C’est peut-être bien pour elle car j’aime la voir bien jouer et gagner mais c’est mauvais pour le sport.

Quand on parle des féminines au 3 Bandes, je vous le demande : Que faisons-nous mal ?

(Traduit de l'article de Bert van Manen en langue anglaise)

                              

                                         La Reine Mère, la Reine et la Princesse de gauche à droite

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