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Raymond Ceulemans, la Légende a 80 ans !

11/07/2017

Publié par jérémie picart

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© © Edmund Mevissen
Raymond Ceulemans fête ses 80 ans ce mercredi

Le joueur le plus titré de l’histoire du 3 Bandes fêtera ses 80 ans demain, mercredi 12 juillet.

Raymond Ceulemans, né en 1937 à Lier, est en bonne santé, joue toujours à haut niveau, passe la plupart de son temps avec sa femme Angèle et raconte de fabuleuses histoires sur sa riche carrière de joueur.

 

Hier, la télévision belge s’est invitée chez lui pour un reportage. Demain, les Ceulemans célèbreront en famille ces 80 printemps.

Le joueur le plus capé de l’histoire peut s’enorgueillir de 35 titres mondiaux dont 20 au 3 Bandes, de 48 titres européens et de 61 titres nationaux. Il ne compte même pas tous les autres titres remportés avec ses équipiers.

 

Mister 100, surnom attribué à l’occasion de son 100ème titre de Las Vegas, a été élevé au rang de Chevalier par le Roi des Belges ce dont peu de sportifs peuvent se targuer.

 

Il ne s’attendait pas à ce que son palmarès reste hors de portée : « Le billard aujourd’hui, avec tous ces joueurs professionnels, possède bien plus de joueurs talentueux qu’à mon époque. On ne peut plus pronostiquer un vainqueur de championnat du monde ou de World Cup. Frédéric Caudron, Torbjörn Blomdahl, Dick Jaspers, Dani Sanchez, Eddy Merckx, ils sont si proches les uns des autres que tout le monde peut gagner. »

La professionnalisation de son sport a boosté les joueurs ces dix dernières années : « L’arrivée des Coréens, cette invasion de super joueurs, a lancé une nouvelle ère. Il n’y a plus 5, 10 mais une douzaine de joueurs qui peuvent jouer à plus de 2,000 de générale. Et de nos jours, ils proviennent de tous les coins du monde. Je n’ai jamais joué au Vietnam, nous avions toujours pensé qu’il y avait la guerre là-bas. Et maintenant, il apparait que les grands noms du billard viennent de là. »

Il connait et a observé tous ces nouveaux joueurs, il a même de l’admiration pour eux : « Je cherche toujours à les voir jouer car ça me rapproche d’eux, je sens que je suis l’un des leurs. Je suis heureux d’être accueilli partout les bras ouverts. C’est le signe que je suis toujours en vie. Quand je peux trouver du temps, je me rends à New-York pour jouer ce fabuleux tournoi. Après toutes ces années, c’est vraiment très particulier pour moi. J’y joue depuis la disparition de Sang Lee mort il y a douze ans. Mais aussi aux championnats du monde comme à Bordeaux deux années de suite, j’adore l’ambiance et le niveau de jeu. C’est devenu commun de nos jours de voir un joueur faire 40 en 10 voire moins. C’est génial de regarder ça. Mais je dois avouer que j’ai joué mon meilleur match il y a dix-huit ans déjà (40 en 8). Pas trop mal de nos jours. »

Il peut analyser tous ces joueurs avec son oeil d’expert : « Torbjörn Blomdahl et Eddy Merckx, deux talents naturels avec un incroyable et rapide coup de queue technique et quelques éclairs de génie. J’ai dit un jour que le coup de queue le plus lent de Merckx était plus rapide que le coup de queue le plus rapide de Caudron. Dick Jaspers et Frédéric Caudron sont les joueurs académiques du circuit. Quel plaisir de regarder Caudron, pour lui le billard et toutes ses disciplines n’ont plus de secret. Il admire Jaspers pour son extraordinaire concentration. Vous pouvez faire exploser une bombe dans la salle d’à côté, il n’entendra rien. J’étais un peu comme ça, avec une grande concentration. »

Les moyennes ont évoluées si vite depuis la professionnalisation des joueurs : « Cette génération actuelle vit du billard. Cela signifie qu’ils ne font que ça tous les jours. Les tables, les billes, les draps, les queues ont évolués aussi. L’entrainement, les matchs, regarder les autres jouer, tout cela a permis au niveau global de s’envoler en peu de temps. Le jeu de position (replacement) est devenu essentiel. Les coups difficiles, comme savent les jouer Blomdahl et Merckx, semblent non-contrôlés mais à force de les jouer, ils savent exactement où vont les billes. Pour moi, à mon époque, c’était une utopie. »

« J’ai travaillé dans les diamants pendant dix ans, ensuite nous avons tenu des cafés. Je jouais au billard de temps en temps et je voyageais à travers le monde pour les tournois. Vers 1985, ça a changé avec l’arrivée de Werner Bayer et son circuit professionnel. A partir de là, nous avons pu tirer profit de notre talent comme des sportifs normaux. C’est différent aujourd’hui, certains d’entre eux n’ont jamais travaillé mais uniquement connu le billard. »

On lui demande souvent quels sont ses plus beaux titres durant toute cette carrière : « Je ne peux y répondre : tous les titres sont importants et comptent beaucoup. Le premier titre mondial, je n’oublierai jamais mais il y en a eu tellement d’autres. Le dernier en 2001 où personne ne m’attendait, était particulier. Je suis redevenu Champion du monde parmi toute l’actuelle génération au Luxembourg. »

Son ancien supporter et grand ami Herman Jacquemijn lui a donné une leçon de vie un jour : « Raymond m’a-t-il dit, nous devons nous réjouir de chaque jour. Inutile de chercher le succès et la richesse à tous prix. Nous n’étions pas cela, nous avions une belle vie. J’ai juste eu une petite alerte de santé il y a quelques semaines. On m’a mis un pacemaker car mon coeur battait si lentement qu’il allait s’arrêter. Maintenant, il est régulé à 60 bpm. Je me sens bien et je suis heureux à l’approche de mes 80 ans. Je n’aurais jamais pensé atteindre cet âge, je réalise maintenant le chance que c’est. Quand j’avais 20 ans, je n’imaginais pas aller à 80. »

Les anecdotes ne sont jamais ennuyeuses au sujet des marches triomphales de villes comme Buenos-Aires, Tokyo, Las Vegas, Lima, Le Caire, La Paz, Anvers et tant d’autres. Et toutes racontées avec ce sens de l’humour typique des Ceulemans :

 

« Nous jouions une finale de championnat du monde dans le stade de foot de Lima. Le Japonais naturalisé Péruvien Suguimizu était le favori du public et le héros local. J’étais bien plus fort et il n’a pas eu la moindre chance. Le désappointement était tel que le public a commencé à nous jeter des trucs et le présentateur péruvien a appeler les gens à nous respecter. Ils se sont calmés et nous avons pu terminer. »

L’Argentin Carlos Friedenthal était son adversaire lors d’un championnat du monde et il n’avait, lui non-plus, aucune chance : « Je l’ai battu 50 à 7 et comme les marqueurs avaient trois digits, ils l’ont appelé Carlos 007. C’est pour cette raison qu’on l’a surnommé James Bond. Le Japonais Keizo Kubo pouvait faire ce qu’il voulait avec son incroyable coup de queue. Il était tout maigre aiguisé comme un couteau. Si vous lui jetiez un morceau de pain, il en ressortait tout tranché. »

Raymond Ceulemans aurait aimé amener avec lui les joueurs de nos jours dans cet ancien temps en Amérique du sud avec ces tables flipper au parcours de billes étonnants : « Jouer à l’ivoire était bien différent de ce que sont devenues les billes d’aujourd’hui. J’y ai joué à Buenos-Aires, une seule fois. Après un coup, ma bille a bougé de quelques centimètres avant de stopper. Quand je suis allé m’asseoir, un spectateur m’a dit : C’est la volonté de Dieu, Monsieur. »

Le 3 Bandes, est-il ravi de dire, est devenu un vrai sport : « Ils le jouent au Vietnam, en Corée, au Japon, en Amérique du Nord, du Sud et en Europe. Tout le monde connait le billard. J’admets que ça ne deviendra jamais un sport de masse comme le foot. On ne peut mettre un billard dans un stade de foot. Nous jouerons toujours dans des salles ou des centres sportifs. Mais qu’il est bon de voir ce que c’est devenu avec tous ces joueurs internationaux. »

Quelles ont été ses plus belles années ? « C’est quand je jouais pour Crystal Kelly, une équipe fantastique dont le sponsor organisait aussi le tournoi de Monaco tous les ans. » Et les années Bayer dans sa mémoire pour toujours.

 

Raymond Ceulemans joue toujours en Belgique par équipe et aussi aux Pays-Bas. La saison prochaine, il jouera avec Caudron chez Dallinga. Mister 100 Lier est son équipe de coeur, l’équipe familiale avec Peter, Kurt et Bart.

 

Il ne manque que rarement un match… tout comme Angèle, sa merveilleuse épouse, toujours présente pour encourager la formation : « Nous avons passé d’excellents moments ensemble dit Raymond. Au début, Angèle ne pouvait assister à tous mes matchs car il y avait une affaire à faire tourner et aussi les enfants. Mais maintenant elle est toujours là quand je joue. Je dois dire que j’ai une femme merveilleuse mais… ce n’est pas une surprise pour moi. Je l’ai trouvé moi-même. Elle a 79 ans maintenant, Angèle, et toujours aussi forte. Elle est même capable de débuter un tour de France féminin cette année. »

 

                                 

 

                                 

 

                                 

 

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