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Sur un plan personnel

02/09/2016

Publié par jérémie picart

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© Kozoom

Il y a quelques jours, j’ai eu 59 ans. Vous pourriez dire que je suis un enfant aux yeux de Raymond Ceulemans et un vieux monsieur du point de vue d’Haeng Jik Kim.

Quelques jours avant mon anniversaire, j’ai eu un AIT (Accident Ischémique Transitoire) ce qui s’apparente à un mini-AVC. Les effets désagréables se sont rapidement dissipés et suite au traitement de mon neurologue, je me sens bien maintenant.

Je peux vous dire que cela vous fait sentir mortel. On prend tant de choses pour des acquis comme la capacité de parler par exemple. Enlever la parole ne serait-ce qu’une journée et vous apprécierez sa valeur. Si seulement un ou deux muscles parmi les 640 que nous possédons fonctionnent mal, n’espérez plus articuler convenablement.

Et à ce sujet, pour le billard, je dois avouer que j’ai eu cette pensée durant une bonne partie de la journée. Pourrais-je encore jouer au billard demain ? La semaine prochaine ? Cette saison ? Il semblerait que ce soit possible mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle je me considère comme chanceux.

La plupart des seniors vont s’identifier et se reconnaitre et cela n’a rien à voir avec notre niveau de jeu. Nous sommes sur la colline et nous découvrons que la vie n’est pas si mal de l’autre côté. Elle a ses avantages. Nous pouvons nous détendre un peu.

Durant de nombreuses années, chacun de nous à son propre niveau, avons essayé de devenir le meilleur joueur possible. Nous avons continué à placer la barre plus haute jusqu’à ce que nous ne puissions simplement plus la sauter. Et maintenant la pression a disparu.

Nous n’avons pas remporté de World Cups voire même jamais participé à une seule. Mais dans nos heures de gloire, nous avons été inspirés et avons joué un 3 Bandes magique. Cela n’aura duré que 12 minutes mais, bon sang, que ça fait du bien. Nous ne sommes jamais aussi vivants qu’une queue de billard à la main. C’était notre pinceau, notre raquette, notre caméra, notre batte, notre crayon, notre Fer 3, notre guitare, notre arme.

C’est réellement ce qu’est une queue de billard : le destin entre vos mains.

Et maintenant, nous passons les 50, 60 ou 70 ans. Nous pédalons toujours sur notre vélo et la course se passe tout autour de nous. Mais nous savons que nous ne la gagnerons pas et ce n’est pas important. Nous avons le temps de regarder autour de nous et d’admirer la beauté de notre planète. Nous sommes toujours bien sur cette selle. La montagne ne nous fait pas peur, nous l’avons grimpée tant de fois. Et nous aimons cette route peut-être plus encore que par le passé quand nous ne pensions qu’à la victoire.

Je suis l’un de ces gars qui ne gagnera plus de courses (pas que j’en ai gagnées beaucoup attention). Et franchement, je n’en fait pas une montagne. Ma moyenne va prendre le chemin du sud dans les années à venir et tout va très bien. Je donnerai des poignées de main bien plus souvent que je n’en recevrai. Et, bien que je déteste perdre, j’ai l’intention de profiter malgré tout de chaque minute.

Pourquoi donc ? Car à un certain moment, gagner des matchs cesse d’être votre motivation pour jouer au billard. Que votre adversaire joue bien ou mal, cela semble perdre de sa pertinence. Vous trouverez des raisons de jouer plus profondes à l’intérieur de vous. Vous contre l’autre gars : cela se dissipera. Vous contre la table et les billes : cela restera. Le jeu a fait son nid en vous, dans votre circulation sanguine, dans votre système nerveux, il est devenu une partie de vous même. Vous avez tellement besoin de cette dose d’endorphine que vous procurent vos bons points, vous en aurez assez de balancer vos coups. Vous avez la maladie incurable appelée "billardite" et ça provoque une démangeaison que vous ne pourrez cesser de gratter.

Quelques bons joueurs disent au revoir au jeu à un certain âge. Ils ne veulent pas être témoin de leur baisse de niveau et ils pensent que jouer mal est plus douloureux que ne pas jouer du tout. Je comprends et je respecte cela mais mon choix sera différent.

Je vais jouer jusqu’à ce que je ne puisse plus soulever la queue. Si j’arrête de jouer au 3 Bandes, je continuerai à écrire sur le sujet. Si je ne peux plus écrire, je continuerai à regarder. Et d’autres créeront la magie pour moi.

(Article de Bert van Manen traduit de la version en langue anglaise)

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