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Trop neuf. Trop long. Tant pis.

21/11/2017

Publié par jérémie picart

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© © Kozoom

La Fédération Coréenne de Billard (KBF) a organisé un tournoi senior, plus de 60 ans, la semaine dernière à Seoul. Une belle initiative à laquelle j’ai eu l’honneur d’être invité. C’était mon premier voyage en Corée du Sud et une expérience que je n’oublierai jamais.

 

Pas grand-chose à dire sur l’événement en lui-même car c’était quelque peu décevant pour un passionné de billard. Les trois « noms » principaux sur la liste des invités (Ceulemans, Dielis et Bitalis) ont décliné l’invitation pour raisons diverses. Le Japonais Tatsuo Arai devenait alors favori à la victoire en l’absence des stars et il a assumé ce statut.

 

Deux joueurs panaméricains se sont déplacés : Roberto Rojas (Mexique) et Jaime Bedoya (Colombie). Deux européens : Paulo Andrade (Portugal) et Bert van Manen (Pays-Bas).

Sur ces quatre joueurs, seul Rojas a pu se hisser en quart de finale, battu à ce stade par Arai.

 

Le mieux classé des joueurs non-asiatiques est l’Egyptien Mohsen Fouda, il atteint le podium en troisième place. Les 27 autres joueurs étaient japonais ou coréens.

 

Si la KBF veut reconduire l’expérience en 2018 ou 2019 (ce que j’applaudirais), ils pourraient aussi penser à des joueurs comme Connesson (France), Theriaga (Portugal), Kühl (Allemagne), Habraken (Pays-Bas), Hallon (USA), Laursen (Danemark), Lieberkind (Danemark), Menheer (Belgique), Müller (Allemagne) et Stroobants (Belgique). Ce ne sont que des suggestions basées sur les résultats de ces joueurs en World Cups. Aucun doute qu’il en existe plein d’autres, je ne prétends pas être complet.

 

Ce tournoi des « légendes vivantes » s’est déroulé dans un complexe hôtel/salle de conférence/librairie sur six tables coréennes MIN drapées de Gorina avec les nouvelles billes Diamond. Aussi reconnaissant que je puisse être envers l’organisation (l’hospitalité coréenne est fantastique), je dois cependant être critique à certains égards. Quand vous baignez dans le billard depuis autant d’années que moi, vous avez vu et revu ce genre d’erreurs bien souvent : ils ont installé les draps la veille au soir. Qu’obtient-on ? Des patinoires et des moyennes basses.

 

Tout d’abord, je ne dis pas que MIN et Gorina ne sont pas de bons produits. Au contraire ! Cette table MIN avec ce drap Gorina, après une semaine de jeu, est exceptionnelle. Mais des bandes neuves et un drap neuf produisent des conditions bien trop difficiles pour des joueurs moyens. J’irai plus loin en disant que même les meilleurs mondiaux ne seraient qu’à 80% de leur moyenne habituelle avec cette association si les bandes réagissent ainsi. Et ils n’étaient juste « neufs » à Paju City, ils étaient insensés. C’était Holiday on Ice et les billes évoluaient selon une prévisibilité d’un Irlandais un jour de St Patrick.

 

Tout ce que vous pensiez connaitre du Diamond System est réduit à néant. Calculer une bande avant et vous manquiez de 20 points. Chaque point facile devient très difficile, un coup moyennement difficile devenait une devinette et un coup difficile devenait un coup irréalisable. Comment contrôler votre bille si elle refuse de rouler et se contente de glisser et glisser encore ?

 

Deux observations supplémentaires : 1) Ces tables peuvent être flambant neuves mais elles n’en sont pas rapides pour autant. Elles acquièrent leur vitesse optimale à partir du moment où l’on peut jouer proprement. 2) Les billes ont tendance à se réfugier sous les bandes tout le temps jusqu’à ce qu’elles s’arrêtent. Cela ajoute à la difficulté de chaque coup.

 

Je comprends qu’il y a un problème de logistique ici avec son aspect financier. Prenons le championnat du monde de Bordeaux 2015 par exemple (Tables Gabriels et draps Gorina) où les conditions de jeu du premier jour ressemblaient à celles rencontrées à Seoul. Vous pouvez dire : « Bon, on va louer le Palais des Congrès trois jours plus tôt et monter les tables à l’avance ». Ou « Mettons en place les tables ailleurs, jouons dessus puis démontons les pour les remonter dans l’arène. » C’est juste bien trop onéreux.

 

En World Cup, les journées de PPPQ, PPQ et PQ sont une solution naturelle à ce problème. Les joueurs des premiers jours font le travail nécessaire pour normaliser les conditions de jeu. Ils souffrent le lundi et le mardi pour que les meilleurs mondiaux brillent le vendredi et le samedi. J’ai de l’empathie pour ces joueurs de qualification (que j’ai incarné bien souvent), mais c’est une situation que je ne peux plus vivre. D’un autre côté, si vous n’avez pas vos 128 joueurs, s’il n’y a pas de lundi et de mardi, vous embarrasserez les meilleurs mondiaux. L’événement ne servira plus de publicité pour notre sport ou du moins pas comme vous l’espériez.

 

J’invite donc les organisateurs à se mettre en relation dès que possible avec les fabricants de notre industrie. Non seulement, ils possèdent la connaissance mais ils s’intéressent aussi à autre chose qu’à la simple vente. Ils s’efforcent toujours de faire d’un événement de billard un succès et les moyennes élevées y participent de manière cruciale. Pour les joueurs, les spectateurs et le commerce.

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