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Avez-vous une "Bête Noire" ?

19/10/2017

Publicado por jérémie picart

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© Kozoom

Les Allemands sont doués pour inventer des mots qui décrivent les choses compliquées. La traduction anglaise la plus proche de "Angstgegner" est "nemesis".

En français "Bête noire".


"Angst" signifie peur, "Gegner" signifie opposant. Ce type que vous n’arrivez jamais à battre, celui que vous voulez toujours éviter. Mais non, le voici encore face à vous, son nom près du vôtre au tirage au sort.

 

Et c’est comme si vous saviez déjà ce qui allait se passer. C’est la sensation de "déjà vu". Vous avez déjà vécu la scène et vous savez déjà que vous allez perdre.

 

Mais cette définition n’est pas complète. Je ne peux pas dire "Dani Sanchez est mon Angstener". C’est ridicule car "Angst" n’intervient plus avec les années. Il peut me battre avec une queue dans une main et un bol de soupe à la tomate dans l’autre.

Votre "Bête noire" vous bat bien plus souvent que les moyennes ne le suggèrent. Elle peut être de force égale ou moins forte ! Sur le papier, c’est bien ça.

 

Le 3 Bandes moderne nous donne un exemple bien précis de cet Angstgegner entre deux très bons joueurs et cela s'étend sur quatre saisons.


Le meilleur d’entre eux est Dick Jaspers dans ses jeunes années de BWA, sa Bête Noire est le Danois Tonny Carlsen, un formidable joueur trois fois finaliste de World Cup. Et même Tonny Carlsen avoue ne pas être au niveau de Dick Jaspers. Pas avant ces 4 ans, pas pendant et pas après. Alors pourquoi l’a-t-il autant malmené lors des matchs les plus importants : les World Cups ?

 

Les joies du tirage les associent en 1992. Vous devez savoir qu’à l’époque, Jaspers est 4ème mondial et que Carlsen commence tout juste à se faire un nom.

 

WC Oosterhout 1992 en huitième de finale : Jaspers/Carlsen 0/3 (0,962/1,607)

Jaspers est bien en-dessous de son niveau, Carlsen bien au-dessus. C’est souvent ce qui arrive avec son Angstgegner.

 

WC Palma 1992 en huitième : Jaspers/Carlsen 2/3 (1,368/1,615)

Encore 1,600 pour Carlsen. Avec le souvenir de Oosterhout, Jaspers doit être inquiet.

 

WC Istanbul 1993 en huitième : Jaspers/Carlsen 0/3 (0,833/1,406)

Jaspers doit commencer à se demander : "Pourquoi je n’arrive pas à jouer décemment contre ce type ? C’est la troisième fois qu’il m’éjecte en WC."


WC Gand 1993 en huitième : Jaspers/Carlsen 0/3 (1,239/1,212)

Cette fois, Carlsen n’est pas supérieur mais regardez les résultats : 14/15, 15/12, 14/15, 14/15. Que ça fait mal !! Et il y a de quoi devenir fou car Tonny Carlsen est un gars sympathique.

 

WC Istanbul 1994 en quart : Jaspers/Carlsen 3/0 (3,214/1,000)

Assez c’est assez ! Quelques années de frustration se traduisent par cette moyenne stratosphérique à l’époque.

 

WC Oosterhout 1994 en huitième : Jaspers/Carlsen 2/3 (1,240/1,280)

Qu’il est têtu ce Danois !

 

WC Gand 1994 en quart : Jaspers/Carlsen 3/0 (2,250/0,944)

Jaspers frappe de nouveau de la seule manière qu’il connaisse : du magnifique 3 Bandes !

 

WC Halle 1995 en quart : Jaspers/Carlsen 2/3 (2,400/1,923)

La malédiction est toujours bien présente !

 

                            

 

Vers la fin des années 90, deux choses se produisent. Jaspers devient de plus en plus fort techniquement et mentalement et le sort décide de ne plus les mettre en opposition, enfin pas aussi outrageusement. La notion d’Angstgegner disparait. Pour information, les deux ont été coéquipiers aux Pays-Bas pendant plusieurs saisons, ils se respectent mutuellement et tout va bien entre eux.

 

Ces aspects psychologiques au 3 Bandes entre ces champions ne sont pas différents de ce que nous connaissons à notre niveau. Mais comme bien souvent, ils le traitent bien mieux que nous car ils ne se mentent pas à eux-mêmes.

 

Perdre contre le même adversaire à longueur de temps, quand celui-ci n’est pas meilleur que vous, ce n’est pas quelque chose qu’il VOUS inflige. Il ne possède pas de pouvoirs mystiques, il ne garde pas tous ses "canards" spécialement pour vous. Le phénomène qui vous fait perdre est appelé "la prophétie qui se réalise toute seule".

 

Dans votre esprit, vous pensez que vous allez mal jouer et que l’autre aura une chance insolente. Vous savez quoi : Vous tenez à ce que cette prophétie se réalise plus que vous ne voulez remporter le match. Et vos souhaits deviennent réalité.

 

Comment se sortir de cette spirale négative ? Ignorer votre adversaire un instant, agissez comme s’il n’était pas dans ce match. Attendez votre tour de jouer et rappelez-vous de cette grande vérité du 3 Bandes : L’identité de celui qui est sur sa chaise n’a aucune importance, Eddy Merckx, ma femme ou ma grand-mère. Cette table est à moi maintenant.

 

(Traduction de l'article de Bert van Manen en langue anglaise)

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