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Joie pour l'un, peine pour les autres

22/11/2019

Publié par jérémie picart

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© © Kozoom

L’histoire des championnats du monde est parfois étrange. Par exemple, quelques-uns se sont achevés par la victoire d’un joueur absent du Top 30, d’autres qui n’ont pas eu lieu du tout. Incroyable ? Imaginez un communiqué de presse de Wimbledon annonçant : « Non, nous n’allons pas faire de tournoi cet été, rendez-vous l’an prochain. » ?

 

Les deux raisons évoquées ci-dessus, pas de championnat du monde (1992/1993) et les semi-professionnels vainqueurs (1994/1996) n’ont évidemment été possible que par le conflit UMB/BWA. Pas besoin de raconter cette histoire de nouveau ? Ou le faudrait-il ? Peut-être que cela aura le mérite de convaincre les acteurs du billard que les luttes de pouvoir sur la tête des joueurs auront toujours le même perdant : le sport.

 

Le dernier titre mondial remporté par le grand Raymond Ceulemans, à la fin d’une longue époque, semble être un bon point de départ pour jeter un oeil aux championnats du monde. Je vous guiderai au cours de ces dernières années avec un commentaire de-ci de-là.

 

2001 - Luxembourg. Mr 100 avait déjà 64 ans lorsqu’il remporte son 21ème titre mondial individuel au 3 Bandes. Caudron est éliminé par Jaspers, Jaspers par Zanetti, Zanetti par Ceulemans. Où était Blomdahl ? Il perd en quart face au Mexicain Luis Avila. De tous les titres mondiaux de RC, c’est l’un de ses préférés.

 

2002 - Randers. Zanetti a rebondi après sa défaite de 2001 remportant le titre un an plus tard. Il bat en finale le favori maison Dion Nelin. Imaginez un remake de cette finale 17 ans après dans la même ville ! C’est possible, les deux hommes seront dans l’arène et jouent bien.

 

2003 - Valladolid. Ce fut le seul et unique titre de Semih Sayginer, vraiment l’un des meilleurs joueurs de l’année (Top 3) et même à un petit point de la première place au ranking UMB. Le finaliste vaincu : un jeune du nom de Filippos Kasidokostas qui peut tout vous raconter sur la douleur que peut procurer un championnat du monde. Et la joie…

 

2004 - Rotterdam. Dick Jaspers gagne son 2ème titre mondial après Saint-Etienne 2000. Il bat en finale Filippos Kasidokostas. Vous savez pourquoi ce Grec est aussi fort ? Il a traversé beaucoup de choses…

 

2005 - Lugo. Si vous cherchez sur Youtube, vous trouverez un clip de Jean-Paul de Bruijn debout et applaudissant Dani Sanchez à l’issue de son dernier point victorieux en finale. C’était une admiration 100% honnête de la part d’un sportif envers un autre. Et en effet, Dani a joué une partie presque sans erreurs gagnant ses trois sets en 13 reprises pour signer un joli 3,461 de moyenne.

 

2006 - St Wendel. Un 1er titre pour Eddy Merckx. On doit se dire : c’était inévitable. La surprise du championnat : Nikos Polychronopoulos qui gagne l’argent. Merckx empêche le Grec de devenir Champion du monde éliminant aussi en huitième Filippos Kasidokostas. Merckx aujourd’hui est bien meilleur qu’il ne l’était à l’époque.

 

2007 - Cuenca. C’est l’un des rares championnats où tous les favoris chutent les uns après les autres. Caudron perd contre Forthomme, Forthomme contre Sanchez. Blomdahl perd contre Jaspers, Jaspers contre Umeda. Merckx perd contre Poly, Poly contre Rodriguez. Derniers hommes debout : Umeda et Sanchez. A la surprise générale, l’outsider japonais remporte le titre.

 

2008 - St Wendel. 2ème titre mondial pour Marco Zanetti qui bat Blomdahl lors d’un thriller. C’était 15/13 dans le 5ème et dernier set et l’Italien a changé à jamais la dynamique entre lui et le Suédois à cette occasion, Blomdahl qui avait dominé leurs duels jusque-là pendant près de 20 ans.

 

2009 - Lausanne. Enfin le voilà, le titre pour Filippos Kasidokostas. Jouant toujours de sa main droite à l’époque (les tremblements sont arrivés après), il réussit à battre Eddy Merckx en finale et, comme nous le savons tous, ce n’est pas chose aisée.

 

2010 - Sluiskil. La finale porte presque plus sur l’homme qui n’a pas gagné que sur Dani Sanchez qui lui s’est imposé. Eddy Leppens a failli se débarrasser de l’étiquette du « meilleur joueur qui ne gagne jamais » lorsqu’il prend une avance de deux sets. Mais les vieux démons ressurgissent et les nerfs en ont décidés autrement, l’Espagnol gagne 15/12 au 5ème set et remporte son 3ème titre mondial.

 

2011 - Lima. Jaspers a joué un demi-match absolument brillant contre Sanchez : 3/0 et 45 en 10 reprises. Le match final contre Zanetti était presque l’opposé : lent, défensif, difficile à tous égards. Le Néerlandais a eu le dernier mot, il s’impose 3/2 et prend un 3ème titre.

 

2012 - Porto. Il se passe des choses incroyables sur les CM. Que dire de Jaspers éliminé par O (c’est son prénom) Takeshima ? Et que dire de Blomdahl éliminé en phase de groupe contre Oliveira et Aristizabal ? Que dire enfin de 4 matchs (sur 8) de huitièmes de finale qui se terminent sur le score de 40/39 ? Merckx remporte son 2ème titre en battant en finale Sung-Won Choi. Rappelez-vous de ce nom.

 

2013 - Anvers. Frédéric n’a pas beaucoup été évoqué dans cet colonne. C’est parce que son bilan en championnat du monde n’a pas été aussi bon qu’il aurait dû l’être compte tenu de son extrême talent. Il avait remporté son 1er titre à Bogota en 1999 mais n’avait atteint qu’une fois le dernier carré depuis. En 2013 cependant, il n’y a pas à discuter et avec beaucoup de style, il remporte son 2ème titre mondial au 3 Bandes avec, pour la troisième fois, Kasidokostas en tant que finaliste vaincu.

 

2014 - Séoul. Blomdahl est de retour sur une finale de CM, son dernier titre remonte à 1997. Depuis, il s’était incliné à trois reprises en finale face à Sanchez, Caudron et Zanetti. Sung-Won Choi bat le Suédois 40/37 en 20 reprises et ajoute encore à la frustration du Suédois qui devra encore prolonger l’attente. Choi devient un héros en Corée du Sud, Sang Lee regarde ça d’en haut et constate que c’est bon.

 

2015 - Bordeaux.  S’il n’y avait pas eu 1974 et 2018, j’aurais appelé cette finale « la plus excitante finale de l’histoire ». En l’état actuel, ces trois finales sont du même tonneau. Dong Koong Kang avait le titre à portée de main quand il termine 40 à 34 seulement il y a encore la reprise égalisatrice à jouer pour Blomdahl. Le Suédois imperturbable (« cool comme un concombre » en langue anglaise), marque les 6 points et gagne la prolongation. On peut aisément pardonner à Kang d’avoir été sous le choc. Ça doit faire si mal. Blomdahl met un terme à une attente de 18 ans et le champagne coula à flots pour ce 5ème titre.

 

2016 - Bordeaux. Un autre grand événement en France avec Semih Sayginer Sayginer en demi-finale pour souligner la force de son retour, un autre « presque » pour Eddy Leppens et le jeu impressionnant d’Haeng-Jik Kim qui atteint la finale. Pas de titre cependant pour le Coréen, peu de gens peuvent s’élever face à une occasion de titre pour Dani Sanchez. L’Espagnol gagne 40/37 en 19 et devient quadruple Champion du monde.

 

2017 - Santa Cruz. Se rendre en Bolivie n’est pas chose facile et gagner là-bas n’est pas simple. Caudron est le joueur qui réussit souvent sur le sol sud-américain. Il rencontrait son compatriote Merckx en finale et ce fut un match exhibition de 45 minutes. Le temps d’un clignement d’oeil et vous l’avez manqué. FC était à son meilleur niveau et gagne 40 à 16 en 9 reprises.

 

2018 - Le Caire. Copie conforme de la finale de 2015 avec deux acteurs différents. Bury avait presque remporté le titre (40/36) mais Jaspers avait encore la reprise égalisatrice à jouer. Il « Blomdahle » un magnifique 4 et gagne la prolongation. C’était le 4ème titre du Néerlandais et probablement celui qui lui a apporté le plus de joie.

 

Un dernier mot sur la douleur de ne pas gagner. Regardez les résultats des championnats du monde et vous remarquerez que même les plus grands joueurs de l’histoire ont plus souvent souffert de défaites qu’ils n’ont célébré de succès. Cela fait très mal mais peut-être qu’un jour, ils se rendront compte que ces souffrances ont fait d’eux ce qu’ils sont aujourd’hui. Ils ont un talent des que nous n’avons pas. Pas seulement avec leurs mains mais plus encore avec leur mental. C’est grâce à cette pression incessante et douloureuse des années durant. Vous savez ce que la nature crée au fil du temps ?

 

Des diamants.


(Traduction de l'article en langue anglaise de Bert van Manen)

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