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On veut les voir sur la corde raide

27/03/2019

Publié par jérémie picart

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© © Kozoom

Tous les adeptes du 3 Bandes sont conscients de ce fait important : les moyennes ont fortement augmenté alors que les distances ont été drastiquement réduites. Cela signifie qu’une seule grosse série ou une unique erreur gagnent en importance. Auparavant, nous avions le temps de récupérer. Vous pouviez avoir de la malchance, jouer médiocrement, effectuer une remontée et gagner quand même.

 

Entre 1962 et 1982, Ceulemans et Scherz se disputèrent 11 fois le titre européen en finale, le Belge (qui les a toutes gagnées au passage) se situait généralement entre 1,200 et 1,400 et l’Autrichien entre 0,950 et 1,150. Et ils jouaient 60 points ! Leurs finales se jouaient en un peu plus de 45 reprises en moyenne.

 

En contraste avec ces 45 chances de gagner, regardez les dix dernières finales de World Cup. Elles ont été jouées en moyenne en un peu moins de 18 reprises. Les matchs ont d’abord été réduits en 50 points puis le système de sets a été instauré. Maintenant, nous jouons 40 points ce qui représente une nouvelle réduction importante. Avec une qualité de jeu en constante augmentation, un match en 40 points ne s’apparente même plus à une course de demi-fond, c’est un sprint.

 

Si l’on ignore les détails tout en grossissant le trait, on pourrait dire que de Ceulemans à Caudron, nous sommes passés de 45 à 18 reprises pour décider du vainqueur d’un titre majeur. Dans des cas extrêmes comme la finale de WC à Bursa 2017, la décision peut même tomber en 7 reprises. Tout cela ajoute de la pression aux joueurs et nous aimons ça. Personne ne veut regarder des types qui se promènent sur une plage sans trop s’inquiéter d’un faux-pas. Nous les préférons sur une corde raide au-dessus du Grand Canyon avec un trophée en or massif qui les attend en cas de réussite.

 

Pourquoi le joueur A qui vaut 1,700 à l’année bat-il le joueur B qui, lui aussi, vaut 1,700 à l’année 40 points à 21 ? Et pourquoi le joueur B prend-il sa revanche la semaine suivante en battant le joueur A 40 points à 17 ? Quelles sont les causes de ces grands écarts entre deux joueurs qui se valent ?

 

La réponse : les changements d’élan. Ils vous aideront ou vous desserviront.

 

Qu’est-ce qu’un changement d’élan ? C’est un point important, raté ou réussi, qui casse un schéma régulier au cous d’un match. Sans ces moments-clés, chaque partie entre joueurs valant 1,700 se terminerait par un 40 à 37 ou un 36 à 40. Voici quatre exemples qui accentuent ces écarts mais cette liste est non-exhaustive.

 

1) Disons que votre adversaire vous a gentiment mené la vie dure pendant quelques reprises et que vous n’avez pas marqué. Puis il commet une petite erreur et il vous laisse une position ouverte. Le schéma dit que votre tour est venu, que vous êtes le patron de la table. Vous devriez en faire 4 ou 5, bien défendre et capitaliser sur cette défense. Vous êtes censé marquer 8 ou 10 et ne pas laisser votre adversaire marquer plus de 1 ou 2 points sur les 3 ou 4 reprises qui viennent : l’exact opposé de ce qu’il vous a fait subir précédemment. Seulement voilà, vous ratez cette position ouverte ! Le coût sera bien plus élevé qu’un point manqué, il en entrainera peut-être 10. C’est un changement d’élan.

 

2) Votre adversaire en est à 3 et semble craindre la quatrième position qui s’offre à lui. Il décide lâchement de jouer la défense. Il ne fera jamais le point mais, au moins, il est certain de vous laisser une position affreuse. Et c’est ce qui se produit. Mais vous cassez le schéma et vous réussissez ce point horriblement difficile ! Cela pourrait vous permettre d’enchainer une série mais même si ça n’arrive pas et que vous en restez à un point, cela reste un changement d’élan car c’est vous qui avez l’initiative.

 

3) Vous jouez un coup difficile avec à l’esprit de jouer la défense. La rouge est à 25 cm des deux bandes du coin. Vous laissez la bille de votre adversaire sur la petite bande opposée dans la longueur et jouez en direction de la rouge. Si vous manquez et laissez votre bille dans ce coin, vous obtenez une défense parfaite. Si vous manquez et laissez votre bille à 5 cm d’une des deux bandes de coin alors vous laissez un coup facile à votre opposant. Si cela arrive alors c’est un changement d’élan. Et une brutale malchance car même les meilleurs mondiaux ne maîtrisent pas suffisamment la vitesse pour éviter que ces choses ne se produisent.

 

4) Soit votre adversaire soit vous-même volez un point. Inutile d’en dire plus ? Nous avons tous vécu cela si souvent. Les séries réalisées sur ces points chanceux sont parfois légendaires et les histoires que l’on se raconte sur le sujet sont semblables à celles d’une belle prise pêchée il y a des années. Elles grossissent au fil des ans.Certains points volés sont sans conséquence, certains sont des changements d’élan.

 

Si vous êtes dans un match et qu’un changement d’élan est contre vous, essayez de penser comme les meilleurs. Que vous valiez 0,400, 0,700 ou 1,100, c’est toujours utile de vous demander : que penserait Zanetti, Sung Won Choi, Coklu ou Piedrabuena s’ils étaient sur ma chaise ? C’est un dialogue interne : "Ok, je suis mené 21 à 6. Mais ce qu’il m’a fait jusqu’à présent, je peux le lui faire en seconde partie de match."

 

Vous ne trouverez pas de joueurs très forts se dire : "Pourquoi ai-je toujours la guigne, le monde entier est contre moi, je hais cette table, je veux rentrer chez moi." Ils ont combattu ces pensées parasites et ils ont gagné. C’est pourquoi ils appartient au Top mondial. Ces gars peuvent créer leurs propres changements d’élan.

 

(Traduction de l'article de Bert van Manen en langue anglaise)

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