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S'il vous plaît, pas encore une fois !

19/02/2019

Publié par jérémie picart

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© © Kozoom

En 1986, lorsque Werner Bayer tenta de professionnaliser le sport 3 Bandes, je l’acclamais. Ceulemans allait jouer pour de bonnes sommes d’argent après toutes ces années de victoires récompensées en trophées kitsch et bouquets de fleurs. Les meilleurs de ce sport ne seraient plus en compétition dans des salles enfumées et les hôtels de luxe et les caméras de télévision allaient prendre le relais.

 

Si vous voyiez un tapis bleu, c’est que les professionnels jouaient. Les joueurs portaient des tenues élégantes et leur comportement serait exemplaire. Ne pas boire ou fumer pendant les matchs. Il y aurait une poignée de main et une conférence de presse après le match. Le 3 Bandes ne serait plus réservé aux parieurs et aux arnaqueurs. C’était un sport de gentleman. J’aimais ce que Bayer essayait de faire sans savoir à ce moment là qu’il avait placé la barre trop haut.

 

L’UMB s’est senti menacée par la BWA, ils avaient perdu leur monopole, ils se sentaient décapités : les meilleurs mondiaux avaient rejoint de nouveaux venus. Les années qui ont suivi, l’organisation amateur a riposté. Les joueurs et même les arbitres ont été suspendus, des amendes ont été infligées, des batailles juridiques coûteuses ont été menées encore et encore. En 2003, la BWA s’est effondrée parce qu’elle avait épuisé ses fonds. L’UMB, beaucoup plus âgée, plus grande, plus riche et profondément implantée, avait gagné la guerre.

 

Je détestais l’UMB durant ces années. Je considérais qu’ils étaient des dinosaures. Vieille, totalement amateur et conservatrice, ne s’intéressant pas à l’avenir du sport ni à la carrière des joueurs mais se concentrant sur des privilèges et sur leur position dominante.

 

Avec le recul, je suppose que j’avais raison à 75% dans cette analyse. Où étaient donc les 25% restant ? La BWA était trop ambitieuse, trop en avance sur son temps. A la disparition de la nouveauté, l’intérêt des chaines de télévision a diminué. Il était difficile de trouver un parrainage suffisant pour soutenir les 50.000 Deutsche Marks de dotation. L’organisation de tournois au Stade de Coubertin à Paris et à l’hôtel Kempinsky à Berlin était extrêmement coûteuse. La barre était si haute que la BWA ne pouvait plus la franchir durant les années 90 et elle a abandonné en 2003.

 

La formule de la Coupe du monde de la BWA a ensuite été récupérée par l’UMB. Elle a été réduite et adaptée au marché. Le Kempinsky a été remplacé par des complexes hôteliers en Turquie et en Egypte, les gains ont été réduits et les « touristes du billard » en qualification ont permis d’équilibrer le budget. L’ancienne formule était plus glamour mais la nouvelle s’est avérée durable.

 

Et maintenant nous sommes en 2019. Une nouvelle ligue professionnelle est en train de se créer en Corée du Sud, les meilleurs joueurs la rejoindront et seront suspendus. Les deux situations sont-elles comparables ? Est-ce un cas d’histoire qui se répète ? Vais-je encore détester l’UMB ?

 

Les réponses à ces trois questions sont : dans une certaine mesure, non et non. Laissant de côté la similarité évidente, voici les différences cruciales :

 

En 1986, l’UMB était coupable d’être rigide, amateur et conservatrice. En 2019, l’UMB a une feuille de route dont on peut être fier. Elle a démontré sa volonté et sa capacité à innover. Ils ont amélioré leur produit, créé la stabilité et surtout en 2018 mis beaucoup d’argent dans les poches des joueurs.

 

En 1986, les joueurs risquant d’entrer en conflit avec l’UMB n’avaient fondamentalement rien à perdre. Ils sont entrés dans un nouveau monde où (avec un peu de chance) ils pourraient gagner de l’argent. Tout ce qu’ils ont abandonné, ce sont des fleurs et une médaille. Aujourd’hui, les joueurs bénéficient de la sécurité et de dotations conséquentes. L'UMB livre un message aux jeunes du monde entier : « Si vous êtes bon, vous POUVEZ devenir un joueur de billard professionnel. Ce dont vous avez besoin, c’est une moyenne de 1,600 ou plus, d’un pantalon noir, d’une chemise blanche et d’un mental à toute épreuve. » L’UMB, par dessus tout, est la maison du billard et nous avons besoin d’un toit au-dessus de nos têtes.

 

Les sponsors vont et viennent. Le billard fascine peut-être une grande société coréenne mais peut-être n’est-ce que le vice-président. S’il est remplacé, ils voudront peut-être commencer par sponsoriser le baseball à la place. Que feras-tu alors ? Poursuivre Samsung en justice ? Bonne chance.

 

Je ne sais pas comment cela va se passer. Quel est le degré d’avidité, quel est celui du bon sens ? De toute évidence, ce n’est pas bon pour le billard. Si nous nous retrouvons avec deux circuits professionnels, deux classements mondiaux, Caudron et Jaspers qui ne peuvent plus devenir champion de Belgique ou champion des Pays-Bas, ou remporter de World Cup, encore moins être champion du monde…

 

Cela me briserait le coeur.


 

(Traduction de l'article de Bert van Manen en langue anglaise)

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