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Therese Klompenhouwer : un plein temps sans emploi

23/10/2020

Publié par jérémie picart

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© © Kozoom
Therese Klompenhouwer lors de sa dernière vic noire au championnat d'Europe

Le dernier de ses quatre titres mondiaux date d'il y a un an et vingt jours maintenant. Therese Klompenhouwer (37 ans) avait battu la Japonaise Orie Hida et la Cambodgienne Sruong Pheavy à Valence, en Espagne, ce jour-là pour se parer d’or, le 2 octobre 2019. Qui aurait pu se douter alors que le championnat du monde aux Pays-Bas puis le championnat du monde d’Antalya (Turquie) seraient annulés. La joueuse néerlandaise gardera donc son titre de championne du monde au 3 Bandes pendant au moins un an encore. Mais est-ce que cela lui plaît vraiment ? « Je me sens en fait comme une professionnelle à part entière sans travail. »

 

S'asseoir à la maison, faire une promenade avec le chien, s'entraîner tous les jours pendant un certain temps, regarder le sport à la télévision mais pas de tournois, pas de matchs. La vie quotidienne, comme pour tout le monde, est très différente avec ce COVID-19. Certains athlètes, comme les footballeurs professionnels, les cyclistes professionnels et les meilleurs joueurs de billard professionnels de Corée du Sud, peuvent encore pratiquer leur sport de manière adaptée. La championne des Pays-Bas, d'Europe et du monde ne travaille plus depuis des mois à l'exception de quelques matchs de  compétition. Et elle a vraiment envie de monter sur scène pour jouer au billard.

 

Est-ce un choc que les championnats du monde en Turquie aient été retirés du calendrier ces jours-ci ? « Non, bien sûr que non. J'étais déjà prête à ce que tout soit annulé pour les prochains mois. »

 

Deux jours après l'interview de Sruong Pheavy, numéro 2 mondiale, Kozoom s'est entretenu avec la championne du monde : sur le néant actuel, sur la différence de vie au billard entre l'Europe et l'Asie, sur ce que signifie être un athlète de haut niveau et également sur les conséquences financières... Therese Klompenhouwer, honnête et amicale, répond aux questions lors d'une longue promenade en forêt.

 

                               

 

Kozoom/Frits Bakker : Qu'est-ce qui vous fait paraître aussi énergique et en bonne santé ?

Therese Klompenhouwer : C'est fait plaisir de l’entendre. J'ai perdu 11 kilos en trois mois. Qu’ai-je fait pour arriver là ? Une bonne condition physique, une alimentation plus saine, une faible teneur en glucides, pas de pâtes, de pommes de terre et de pain, pas de sucres. Beaucoup de fruits et de yaourts. Je fais attention à ne pas m'asseoir et à m’activer durant cette crise. Il est important que nous restions en bonne santé. Le monde est bouleversé, tout le monde se bat en ce moment.

 

Kozoom/FB : Avez-vous beaucoup d’amis avec qui vous pouvez parler est avec qui vous pouvez garder des contacts réguliers ?

Thérèse : Oui. Je consacre surtout ce temps à renforcer le contact avec ma famille. En temps normal, je les vois peu mais maintenant nous nous rencontrons régulièrement et c'est plutôt une bonne chose. Bien sûr, il est  navrant de ne pas pouvoir s’embrasser depuis près de 7 mois maintenant mais parler et avoir des contacts est agréable. Et puis je vois mes amis beaucoup plus qu'avant.

 

Kozoom/FB : Qu'avez-vous vraiment pu jouer cette année ?

Thérèse : Deux championnats, c'est tout. Le championnat des Pays-Bas et le championnat d'Europe. Heureusement, j'ai gagné les deux mais pour être honnête, si peu de tournois en un an ne me donnent pas satisfaction. Et aussi le tournoi virtuel de l’UMB que je m’apprête à disputer la semaine prochaine.

 

                                           

 

Kozoom/FB : Avez-vous lu la récente interview de Sruong Pheavy, l'une de vos principales rivales.

Therese : Oui. Tout d'abord, j’ai beaucoup de respect pour ce que fait Pheavy. Elle est très engagée dans la promotion de notre sport et dans la présentation du billard aux plus jeunes. A cela s’ajoute beaucoup de travail caritatif au Cambodge. Cela fait d'elle l'une des joueuses les plus singulières que nous ayons dans notre sport. Et parce qu'elle propage notre sport de cette manière, elle est soutenue dans beaucoup de choses par son pays, le Cambodge, et par la Corée du Sud. C'est merveilleux. Encore une fois, je l'admire beaucoup.

 

Kozoom/FB : La comparaison avec l'Europe ne peut pas être faite. Elle a une salle et un club de billard, un manager, quelqu'un qui s'occupe de ses relations publiques, c’est un pays qui compte bien plus de joueurs et de supporters. Vous, en tant que championne du monde, aspireriez-vous, par exemple, à utiliser votre popularité, à ouvrir une salle de billard ? Comment envisagez-vous votre avenir ?

Thérèse : Je pense souvent à ce qui va se passer plus tard. Mais je n'ai jamais aspiré à avoir ma propre salle de billard. J'aimerais promouvoir mon sport, en organisant des expositions dans les écoles, par exemple, pour faire connaître le billard aux jeunes, en parler et montrer à quel point c’est amusant. J'aimerais faire cela dans mon pays et à l'étranger.

 

Kozoom/FB : L'aspect "gagner sa vie au billard" est également très différent en Europe. Comment traversez-vous cette période ? Depuis combien de temps êtes-vous professionnelle à part entière et comment gérez-vous cette situation ?

Thérèse : Il y a trois ans, après avoir travaillé pendant des années dans le restaurant de mon père, j'ai décidé de ne vivre que du billard. Cela signifie qu’aujourd'hui avec la crise sanitaire que nous vivons, mes revenus ont fortement diminué. Je bénéficie du soutien du gouvernement et de ma ville. C'est suffisant pour couvrir mes dépenses privées et subsister. Je reçois les revenus de mes principaux sponsors, Longoni, Cuesco et Simonis. Je joue des matchs par équipe aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne mais ces compétitions ont cessé depuis peu. Il ne reste plus qu’à espérer un retour à la normale.

 

                               

 

Kozoom/FB : Êtes-vous fan de sport à la télévision ? Regardez-vous beaucoup de football, de cyclisme ou d'autres sports ?

Therese : Oui, mais je n'aime pas ça tout. La plupart du temps, je regarde du football ou du tennis mais je ne suis pas une grand fan de cyclisme. Par contre, lors des Jeux Olympiques, je regarde presque tout avec beaucoup de ferveur. Quand la Néerlandaise Annemiek van Vleuten s'est effondrée, je suis devenue folle. Et quand l'autre coureuse néerlandaise a ensuite couru  seule jusqu'à la ligne d’arrivée, je l'ai encouragée à remporter l'or.

 

Kozoom/FB : Comment gérer ces moments difficiles en son for intérieur  sans perspective et sans objectif particuliers ?

Therese : Je n'aime pas le fait de rester championne du monde sans jouer. En tant qu'athlète de haut niveau, on veut forcément jouer et se mesurer à d'autres joueuses dans le monde. Alors oui, c'est un sentiment étrange de se lever sans aucun but. Ce qui ne m'a pas quitté, c'est le sentiment de vouloir rester la meilleure. Il y a toujours du stress et de la tension à la hauteur d'un événement et j’ai besoin de gérer ces moments là même si je dois avouer que j’ai rarement été aussi détendue que je le suis maintenant.

 

Kozoom/FB : Qu’est-ce que ça vous apporte de penser à votre avenir ?

Thérèse : Sportivement parlant, je pense qu'il y a toujours des opportunités d’étoffer ma carrière. Je dois continuer à le faire. Ce qui est le mieux pour moi et ce qui me rend plus heureuse. Je suis certes satisfaite de ma vie mais peut-être le serais-je encore plus en étant ailleurs.

 

(Traduction de l'article en langue anglaise de Frits Bakker)

 

                               

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