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Tout se joue sur le point d'entrée

18/09/2016

Publié par jérémie picart

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© Kozoom

Tout le monde adore les prolongations, n’est-ce-pas ? Bon, les joueurs, eux, n’en raffolent pas. Mais nous, spectateurs, sommes rivés à notre écran. Il nous arrive de rater une partie d’un match surtout sur un début de rencontre pour la promenade du chien par exemple mais jamais pendant un quart de finale d’une World Cup si un match se termine par un 40 partout et qu’il faut avoir recours aux pénaltys pour utiliser un terme footballistique.

Le récent tournoi de Guri est un exemple en la matière et Torbjörn Blomdahl a été impliqué deux fois dans cet exercice périlleux. Il s’en sort miraculeusement en quart de finale contre Jung Han Heo après six billes de match ratées du Coréen. Le match se termine par 40 à 40 et TB réalise alors deux points sur la prolongation tandis que Heo, fatigué, rate l’engagement.

En demi-finale, le Suédois a vécu une situation similaire face, cette fois, au Vietnamien Quyet Chien Tran. Encore une fois, TB marque deux points mais l’Asiatique répond par trois en explosant de joie à l’issue du dernier point salvateur. Blomdahl ne peut que se blamer : « Deux ce n’est pas terrible et bien souvent pas suffisant. »

Nous savons tous que sur une longue distance, le statut de favori est renforcé pour le meilleur joueur des deux protagonistes. Plus la distance est courte et plus le facteur chance intervient resserrant les écarts. Je peux battre Caudron une ou deux fois sur dix dans un match de 10 points. La seule chance de le battre en 100 points serait de lui attacher le poignet gauche à la cheville droite.

Alors quelles sont exactement les chances entre deux joueurs de forces différentes si l’on fait varier la distance ? Les cas sont sans fin mais le papier que je vous propose vous donnera une idée. Vous noterez que l’avantage d’un joueur à 0,700 face à un autre à 0,500 est bien plus important qu’un joueur à 2,000 face à un joueur à 1,500. Pas dans cette analyse mais aussi révélateur, le meilleur en 5 sets (utilisé pendant près de 25 ans) équivaut dans les chiffres au meilleur sur 50 points. Un match en 40 points se situe entre un « meilleur des 5 sets » et « meilleur des 3 sets ». Cela a du sens.

 

Stats

 

Nous avons observé nombre de prolongations ces dernières années et ce n’est pas une coïncidence. Le deuxième échelon de joueurs s’est amélioré, trente ou quarante joueurs peuvent maintenant battre les plus forts à tout moment. Ils défendent bien, scorent beaucoup quand ils en ont l’occasion et parfois égalisent sur 6 points en fin de match. J’adore ces moments-là à propos.

Puis il y a ce pile ou face, cette prolongation et tout se joue sur le point d’entrée. Vous vous êtes entrainé dessus avant le match mais la table répond-elle comme au début ou alors ne répond-elle plus de la même façon ?

Si le rendement d’une table change en cours de match, neuf fois sur dix, elle raccourcit. Voulez-vous que l’arbitre nettoie les billes ce qui vous apportera plus de longueur ? Ou ne le souhaitez-vous pas car vous préférez rester sur votre ressenti des dernières reprises jouées ?

Plusieurs points d’entrée en prolongation sont ratés car le joueur joue le point exactement de la même manière qu’en début de rencontre. Et ce sera souvent plus court 90 minutes plus tard.

Il est tentant d’expliquer le dénouement d’une prolongation en disant : « X était mentalement plus fort, il le voulait plus qu’Y. »

Mais la vérité se joue souvent ailleurs, il suffit de quelques centimètres pour livrer ou ruiner la position suivante. Vous pouvez systématiquement bien caramboler la trois sur le point d’entrée (la rouge en haut de la table et la jaune ou la blanche en bas) et ne rien avoir à jouer. Votre adversaire peut mal jouer ce même point  et se retrouver avec une ouverture miraculeuse. Frustant mais tellement vrai…

Les arbitres (et les bons le savent bien !) doivent être extrêmement rigoureux sur le positionnement des billes. Une erreur de 3 mms de la bille rouge peut entrainer un point d’entrée très différent.

Petite anecdote : Caudron s’échauffe pour une exhibition aux Jeux de Séries il y a quelques années et la table était très longue, ridiculement longue. Il ne parvenait tout simplement pas à faire le point d’entrée et ça passait toujours sous la bille jaune, trop d’allongement.

Son adversaire, le Maestro Mister 100 Raymond Ceulemans, vint alors à la rescousse. Il ordonne à l’arbitre (c’était moi) de placer la rouge 5 mms sous son spot et la blanche 5 mms à droite du sien. C’était indécelable pour le public et le parcours naturel de l’engagement devenait ainsi 10 cms plus court.

Une suggestion que j’aimerais faire sur cette prolongation : Selon les règles actuelles, le joueur qui débute la partie débute aussi la prolongation. Je pense qu'il serait préférable de jouer cet ordre à pile ou face ou alors de refaire un tirage à la bande...

(Article de Bert van Manen traduit de sa version en langue anglaise)

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